À la galerie 8+4, la nouvelle série de compositions de l’artiste gagnent en ampleur mêlant fragments antiques et couleur bleue.
Paris. Le premier étonnement, devant les collages et dessins de Claire Trotignon, vient de l’extrême méticulosité, de l’exigence du détail, de la complexité dans la minutie qui les caractérisent. Lorsqu’on lui en fait part, l’artiste née en 1985 (elle vit et travaille à Paris et à Tours), indique que lorsqu’elle commence ses « compositions », ainsi qu’elle les appelle, cette précision « qui me permet de raccorder les éléments entre eux, m’autorise dans un second temps une plus grande spontanéité et me donne la sensation que l’image prend vie et se structure ». Un point (de départ) d’autant plus important que l’architecture, la plupart du temps en bribes, en vrilles, en dentelles est à la fois le pilier et la clef de voûte de chaque œuvre.
Claire Trotignon part toujours d’un croquis, qu’elle agrandit ensuite sur une feuille plus rigide avant d’en découper des morceaux, comme des fenêtres, qui vont en quelque sorte lui servir de patron pour mettre en place et en espace la multitude d’éléments souvent minuscules, quelquefois dessinés mais principalement découpés dans des gravures anciennes, du XVIIIe et XIXe siècles, qu’elle a chinées. Sciemment disposés les uns par rapport aux autres, ces bouts de colonnes, bris de ruines à perte de vue, morceaux de chapiteaux suspendus font immédiatement clignoter les notions de temps, d’espace et d’espace-temps si chers à l’artiste passionnée par la science, notamment la théorie de la relativité, la physique quantique, et grande lectrice de La poétique de l’espace de Gaston Bachelard.
La quinzaine d’œuvres réalisées pour cette troisième exposition personnelle dans cette même galerie en sont nourries. Elles jonglent avec les différents éléments, avec les temps (passé, présent, futur), avec l’apesanteur (certains fragments sont comme en lévitation d’autres plus ancrés dans le sol), et bien sûr avec les perspectives, maître-image comme on dit maître-mot de chacun de ces « Paysages acrobatiques » ainsi que l’indique le titre de l’exposition.
Dans cette nouvelle série, Claire Trotignon a délaissé les fonds roses, quelquefois orangés, de ses ciels, dans ses œuvres précédentes, pour les remplacer par des bleus : ils lui permettent de mieux spatialiser ses divers éléments et d’affiner plus encore leur cartographie avec des contaminations, des juxtapositions, des recouvrements et des jeux d’échelle qui, par contrastes, s’en trouvent encore plus affirmés.
Entre 2 700 et 14 000 euros, en fonction des formats, les prix sont plus que raisonnables. « Avec l’accord de Claire, nous avons tenu à garder des prix très abordables pour toucher de jeunes collectionneurs qui la suivent », précise Damien Sausset l’un des deux directeurs, avec Ber-nard Chauveau, de la galerie « Et il faut rappeler qu’elle a un réseau très fidèle de collectionneurs plus établis, privés comme institutionnels qui l’accompagnent depuis ses débuts », poursuit-il.
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Claire Trotignon, l’odyssée de l’espace-temps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°644 du 29 novembre 2024, avec le titre suivant : Claire Trotignon, l’odyssée de l’espace-temps