Christopher Forbes disperse sa collection Napoléon III

«Â Napoléon III m’obsède depuis 50 ans »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2016 - 481 mots

L’entrepreneur américain, qui a réussi à développer Forbes Magazine, une entreprise familiale fondée en 1917, se sépare de sa collection consacrée à Napoléon III.

Pourquoi avoir choisi de collectionner les souvenirs historiques et œuvres d’art du second Empire ?
J’ai hérité du gène de la « collectionite » de mon père. Lorsque j’ai appris, adolescent, que le neveu de Napoléon avait réussi à prendre le pouvoir après la révolution de 1848 et avait régné sur la France jusqu’en 1870, j’ai été intrigué. Comment l’histoire a pu ignorer un homme qui a gouverné la France pendant plus de vingt ans ? C’est ainsi qu’est née cette passion qui m’obsède depuis cinq décennies. Quand mes amis m’interrogeaient sur cet intérêt, je leur répondais : « je n’ai pas les moyens d’acheter du Napoléon Ier ». Mais mes raisons étaient bien sûr autres. Plus j’apprenais sur lui, plus j’appréciais l’homme et ses réalisations : le vote universel pour les hommes, les débuts de la sécurité sociale, l’industrialisation, la modernisation de Paris…

Qu’est-ce qui a guidé vos achats ?

Je me suis intéressé à tout ce qui pouvait donner un aperçu de la personnalité de Napoléon III, pas seulement sous le second Empire, mais aussi sa jeunesse, son éducation, ses ancêtres et sa famille.

N’avez-vous jamais eu envie de collectionner les objets Napoléon Ier dont la cote est plus élevée ?

Tout en admirant Napoléon Ier, je reconnais que les pièces que j’ai acquises le concernant étaient relatives à mon enthousiasme pour son neveu. Je suis ravi d’avoir reçu de mon père le certificat de mariage de Napoléon et Joséphine (est. 30 000 à 40 000 euros). Cependant, j’étais plus excité d’acquérir la lettre de Louis Bonaparte à son frère lui demandant la permission de se séparer de la reine Hortense. Mon souvenir préféré de Napoléon Ier est peut-être son portrait sur son lit de mort, par Denzil Ibbetson (est. 3 000 à 4 000 euros).

Pourquoi avez-vous décidé de vous séparer de votre collection maintenant ?
Ma fille et mes petits-enfants m’ont dit très clairement qu’ils ne partageaient pas ma passion. Plutôt que de leur imposer la dispersion de cette collection après ma mort, il me semblait plus prudent de superviser le processus moi-même.

Pourquoi avoir choisi Fontainebleau pour la disperser ?

Ma famille et moi avons globalement d’excellentes relations avec Christie’s et Sotheby’s, mais aussi Heritage, Swann et Freeman’s (États-Unis). En France, Maître Dominique Ribeyre est un ami de longue date. Au final, j’ai choisi la maison de ventes Osenat en raison de son expérience en matière de ventes de souvenirs napoléoniens et de sa volonté de cataloguer non seulement des pièces majeures, mais aussi les innombrables documents et souvenirs qui n’intéressent pas Christie’s et Sotheby’s. L’équipe était tellement enthousiaste à l’idée de voir comment Napoléon III sera accueilli en France !

Allez-vous constituer une nouvelle collection ?
Mes jours de collecte sont maintenant derrière moi. J’ai encore un stock de peintures et de meubles qui ne trouvent pas de place à la maison. Ma femme sera heureuse que je le réduise plutôt que je l’enrichisse.

The Christopher Forbes Collection

OVV Osenat, 5 et 6 mars à Fontainebleau, www.osenat.fr, 654 lots. Lots de 200 € à 100 000 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°452 du 4 mars 2016, avec le titre suivant : Christopher Forbes disperse sa collection Napoléon III

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