Ils étaient 22 exposants en 1997, 25 l’an dernier et pas un de plus aujourd’hui (dont 12 étrangers). C’est peu et c’est délibéré. « Nous voulons un salon à taille humaine, explique le président Hervé Aaron. Si l’on grandit trop, on perd en efficacité et puis à voir trop de choses, l’œil fatigue. Or si on fait le tour des grandes galeries de dessins à travers le monde, on ne va guère au-delà de 30, alors autant rester entre soi et viser le haut de gamme. » Résultat ? Hormis le noyau dur qui se compose de dix galeries et a automatiquement droit de cité, on refuse du monde chaque année. Il faut donc faire jouer l’alternance : quelques privilégiés sont ainsi élus à tour de rôle. Ici, pas d’exposition à grand spectacle, pas de décor clinquant, on est entre gens cultivés, dans une ambiance intimiste qui convient bien aux œuvres proposées car si le dessin suscite un intérêt grandissant, il n’est toujours pas une spécialité « grand public ». C’est un domaine exigeant que l’on ne peut aborder sans quelques connaissances.
« Nos visiteurs sont des connaisseurs. Ils contemplent longuement les pièces, les étudient, reviennent volontiers. Beaucoup sont des érudits, des amateurs amoureux. » Pourtant, ne vous y trompez pas, si petite soit-elle, la manifestation est devenue au fil des ans le rendez-vous incontournable des collectionneurs et des marchands, des institutionnels et des chercheurs du monde entier... un cercle d’initiés qui se connaissent bien et sont heureux de se retrouver.
Pour le dessin stricto sensu, il n’existe pas d’équivalent au monde. Les conservateurs français qui, d’ordinaire, restent à l’écart de toute action à caractère commercial, l’ont bien compris. Le partenariat entre le Salon et les musées est aujourd’hui un fait établi. Cette année le Louvre, le Musée Carnavalet, le Petit Palais, le Musée Bourdelle, pour ne citer qu’eux, ouvriront leurs portes. Guidés par leurs conservateurs, les visiteurs y découvriront des ensembles sélectionnés tout exprès. En prime, des conférences et des tables rondes se tiendront au sein même du salon. Alors confidentiel, le Salon du Dessin ? Réservé à quelques initiés ? Bien sûr que non. Tout un chacun peut pousser la porte et rencontrer quelques-uns de ces grands professionnels. Le nombre des entrées n’a rien d’impressionnant : 10 000 l’an dernier dont 50 % d’étrangers. Et le montant des transactions est relativement modeste : 30 millions pour 5 jours d’ouverture. « Des chiffres qu’il faut manier avec précaution, fait remarquer Hervé Aaron, car de nombreuses négociations se font en aval après la fermeture, voire en amont avant l’ouverture. » Alors, quoi de neuf cette année ? Peut-être une présence accrue du dessin moderne rendue nécessaire par la raréfaction des œuvres des XVIe et XVIIe devenues inabordables. Encore reste-t-on dans le classicisme car, ici, la clientèle est sage et ne s’intéresse guère à l’avant-garde. Quant au marché, là comme ailleurs, il suit l’économie, c’est dire qu’il est florissant. Après une période assez calme, les prix sont repartis à la hausse en 1996-1997. À dire vrai, ils n’avaient jamais beaucoup baissé, la spécialité ne se prêtant guère à la spéculation. Les exposants se déclarent très satisfaits des résultats de l’an dernier et sont sereins quant à l’avenir. La première édition du millénaire est à la hauteur des précédentes. Les marchands y montrent les découvertes de l’année, des pièces, souvent inédites mises au secret des mois durant et qui surgissent enfin aux yeux émerveillés des amateurs. Les quelque 800 feuilles présentées offrent un vaste choix où la découverte est toujours possible. La fourchette des prix s’établit entre 20 000 et 500 000 F, mais à partir de 10 000 F, assure Hervé Aaron, on peut trouver des dessins intéressants. À une seule condition : ouvrir l’œil et le bon.
PARIS, Salons Hoche, 9 avenue Hoche, 29 mars-2 avril, tél. 01 45 22 16 89.
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Chez les grands du dessin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°514 du 1 mars 2000, avec le titre suivant : Chez les grands du dessin