La Galerie Frédérick Chanoit propose à Paris une exploration du portrait.
PARIS - Trois siècles de portraits se bousculent dans l’espace exigu de la Galerie Frédérick Chanoit, face à l’hôtel Drouot, à Paris. De la silhouette altière d’Henri IV par l’atelier de Frans II Pourbus le Jeune au début du XVIIe siècle à la vision ingresque du duc de Bordeaux par Francesco Podesti en 1840, c’est l’histoire de France qui défile. Mais aussi d’illustres inconnus. C’est pourquoi identifier ces personnages constitue la mission première des spécialistes du portrait, une enquête qui revient à faire revivre les morts.
Le monde du portrait est réservé à quelques experts. « On ne peut être passionné de portrait si l’on n’est pas passionné de littérature. Saint-Simon, par exemple, écrivait ce que ces artistes peignaient », explique Frédérick Chanoit, rare marchand spécialisé en ce domaine en France. L’identité du modèle a ici autant de valeur, si ce n’est plus, que celle de l’artiste. L’importance historique ou la valeur anecdotique des personnages l’emporte également sur la réussite picturale de la composition. Au premier rang des amateurs, les musées et collections historiques françaises soucieuses de reconstituer leur album de famille. L’une de ces institutions pourrait justement être intéressée par le Portrait équestre de Louis XIII, attribué actuellement à Juste Van Egmont, mais dont l’authenticité reste encore à confirmer.
Les zones de doute sont omniprésentes dans cette spécialité, ce qui en fait tout le charme aux yeux des experts, habitués des centres de documentation et autres bibliothèques. Devant l’absence de signature et la multiplicité des versions, les gravures signées et titrées restent les instruments les plus sûrs pour décider d’une attribution sérieuse.
Férus d’Histoire, historiens du costume ou nostalgiques d’une élégance révolue sont peut-être les amateurs les plus sincères, mais un portrait en pied de la marquise de Pompadour par Jean-Marc Nattier peut faire tomber la garde des plus réticents à l’idée d’accueillir chez eux un visage étranger – a fortiori d’un autre siècle. En revanche, les particuliers soucieux de compléter le grand décor de leur résidence meublée en style XVIIIe sont souvent amateurs de ces personnages du passé. La facture aura ici son importance, tout comme la subtilité psychologique du modèle. Simple et discrète, La Jeune Fille aux perles (1807) de Constance-Marie Charpentier en apporte la preuve.
Le marché du portrait est plus restreint que celui du paysage. Hormis les compositions d’importance artistique ou historique, la cote du portrait est considérée depuis longtemps comme en dessous de sa valeur. En attendant une prochaine reconnaissance ?
Jusqu’au 15 mai, Galerie Frédérick Chanoit, 12, rue Drouot, 75009 Paris, tél. 01 47 70 22 33, du lundi au vendredi 9h-13h. Catalogue édité par la galerie, 32 p.
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Chers disparus
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Abonnez-vous dès 1 €- Nom du galeriste : Frédérick Chanoit, expert en tableaux des XIXe et XXe siècles - Nombre d’artistes : une vingtaine - Nombre d’œuvres : une vingtaine
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°235 du 14 avril 2006, avec le titre suivant : Chers disparus