Voilà une exposition que ne manqueront certainement pas les bibliophiles et à laquelle les néophytes et les curieux sont vivement conviés. Car ce travail inégalé, réunissant deux cent cinquante ouvrages sans limites dans le temps et l’espace, est considérable et très didactique. Il est à l’image du fondateur de la librairie éponyme, Pierre Bérès. Ce monstre sacré de la bibliophilie réalise à quatre-vingt-treize ans (dont soixante-dix ans de carrière) un coup de maître que doivent lui envier bien des institutions. « L’idée lui trottait depuis longtemps dans la tête, précise sa fille, Anisabelle Berès-Montanari. C’est un travail de documentation gigantesque, de recherches et de précision, assorti d’un souci de cohésion. On reste surtout ébloui par la qualité esthétique des pièces. » En effet, inutile de s’effrayer d’austères descriptifs rédigés par le libraire et qui n’exaltent guère que les initiés.
Ici, la reliure, c’est-à-dire l’habillage du livre, est avant tout mise en exergue. « Il y a des purs objets d’art qui recouvrent des textes qui n’ont aucun intérêt comme des pièces précieuses où le contenu vaut le contenant », rappelle avec force Anisabelle Berès-Montanari. Pas moins de six siècles de reliures sont présentés, du XVe au XXe siècle, depuis le livre illustré, du Moyen Âge, d’un moine franciscain décrivant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, ouvrage qui semble sortir de la bibliothèque du polar médiéval Le Nom de la Rose d’Umberto Eco, jusqu’aux plus incroyables reliures actuelles à l’instar d’une reliure en laque et coquille d’œuf créée par Micheline de Bellefroid, le plus grand des relieurs belges contemporains. Entre-temps, le XIXe siècle qui s’avère très fécond, surprend par son éclectisme. Le japonisme est alors à la mode et inspire plusieurs relieurs. À la même époque, le célèbre faussaire belge Louis Hagué bluffe tous les spécialistes sur une reliure d’un ouvrage d’architecture de 1553 que l’on a longtemps considérée comme étant d’époque et provenant de la bibliothèque royale, et le travail d’Eugène Cléray sur un habillage d’or, d’ivoire et d’écaille pour La Bible illustrée par Gustave Doré est récompensé à l’Exposition universelle de 1867.
En 1928, un tirage signée Laure Albin Guillot pour un recueil de pièces de Pierre Louÿs marque
a toute première utilisation de la photographie. Sans oublier les créations originales de trois relieurs de génie du XXe siècle, Pierre Legrain, André Mare et Georges Leroux, aussi à découvrir.
« Six siècles de reliures », librairie Pierre Bérès, PARIS, 14 avenue de Friedland, VIIIe, tél. 01 45 61 00 99, www.pierre-beres.com, jusqu’au 18 décembre.
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Chefs-d’œuvre historiques de la reliure
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°564 du 1 décembre 2004, avec le titre suivant : Chefs-d’œuvre historiques de la reliure