Bien que rajeunie, la Biennale des antiquaires de Monaco s’est révélée modeste en termes de retombées commerciales.
MONACO - Pour qui a connu les ors pompeux de la Biennale des antiquaires de Monaco, la mue était cette année saisissante. L’arrivée aux commandes d’une jeune génération de marchands
(Philippe Perrin et Amaury de la Moussaye) n’est pas étrangère à la respiration sobre et moderne du salon. Cet esprit a imprégné la conversation entre l’art africain, présenté par Bernard Dulon (Paris), et les meubles d’André Sornay chez Alain Marcelpoil (Rillieux-La-Pape, Rhône). Le dialogue engagé par les Parisiens Enrico Navarra et Patrick Seguin entre Haring-Basquiat et Prouvé-Perriand était tout aussi réussi. L’impact visuel des associations a été tel qu’il a jeté un voile sur la modestie de certaines pièces exposées sur ces stands.
L’incursion du XXe siècle s’est avérée aussi salutaire pour les tenants du grand goût français. On
appréciait d’autant plus le secrétaire de BVRB présenté pour 800 000 euros par les Segoura (Paris) qu’on pouvait parallèlement butiner dans l’accrochage coloré de la Galerie des Modernes (Paris) ou s’attarder sur une belle aquarelle de Gustave Moreau (380 000 euros) chez les Boulakia (Paris). Preuve que le siècle des Lumières peut éviter le rance s’il ne reste pas en circuit fermé. Le sens du mélange, Flore de Brantes (Paris) l’a bien assimilé en mariant un tabouret de Le Corbusier pour la Cité radieuse de Nantes (11 000 euros) avec un confortable canapé Louis XV, ou une table Planète d’Alessandro Mendini (22 000 euros) et des candélabres italiens en bronze doré (60 000 euros). Le panorama d’ensemble de la foire a toutefois pâti du remplissage précipité des derniers stands. Faute d’homogénéité, le meilleur – la pureté du verre contemporain chez Clara Scremini (Paris) – pouvait côtoyer, presque sans transition, le pire – une peinture XIXe « tartignolle » chez Boon (Bruxelles).
Désertion des Saoudiens
Le toilettage ambiant n’a toutefois pas déplacé les foules. « Les gens n’ont commencé à arriver que le dernier week-end », indiquait le marchand en orfèvrerie Bernard de Leye (Bruxelles). Bernard Dulon trouvait quant à lui « le public intéressant, assez savant, mais manifestement en vacances et pas acheteur ». Les transactions épinglées çà et là ont reposé majoritairement sur une clientèle déjà captive.
Patrick Seguin a ainsi cédé le soir du vernissage quatre pièces de Pierre Jeanneret à un ami collectionneur américain d’art contemporain et, en milieu de parcours, une table forme libre de Charlotte Perriand (190 000 euros) à l’un de ses clients français. Le temps miraculeux – ou mythique ? – où un prince arabe débarquait de son yacht pour rafler un stand semble révolu ! Le décès du roi Fahd d’Arabie saoudite le 1er août aurait d’ailleurs précipité la désertion des Saoudiens de la Riviera.
Nonobstant cette faiblesse commerciale, les organisateurs pourraient transformer la manifestation en rendez-vous annuel. D’un certain point de vue, le label « Biennale », évocateur d’un rythme, mais aussi du panache parisien, est quelque peu usurpé pour ce micro-salon. Il est également possible que la foire change de pénates, voire gagne le Grimaldi Forum. La synergie avec les expositions estivales de qualité serait profitable aux deux parties. L’espace Diaghilev proposé au salon semble toutefois difficilement exploitable. Quoi qu’il en soit, la Biennale de Monaco n’en a pas encore fini avec les changements.
- Dates : du 30 juillet au 7 août - Nombre d’entrées : 14 000 dont 9 400 payantes - Nombres d’exposants : 29
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Calme plat à Monaco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°220 du 9 septembre 2005, avec le titre suivant : Calme plat à Monaco