La galerie Patrick Seguin, en association avec Gagosian, propose une conversation réussie entre l’artiste et l’architecte designer.
PARIS - C’est l’histoire d’une double collaboration : celle des galeries Patrick Seguin et Larry Gagosian autour de ces deux géants du métal que sont Alexander Calder et Jean Prouvé. Le marchand français instaure dans ses espaces un intéressant dialogue autour d’une vingtaine de pièces. L’association de ces deux figures majeures de la modernité se fait tout naturellement autour d’un travail du métal que tous deux maîtrisent parfaitement ; les structures légères et poétiques de l’un répondent aux constructions fonctionnelles de l’autre.
Les deux constructeurs de l’espace étaient également liés de leur vivant : ils se rencontrent dans les années 1950 et entretiennent une correspondance nourrie autour de leurs idées sur l’architecture et la sculpture. Ces échanges se concrétisent dans une collaboration pour la sculpture La Spirale, commande pour le siège de l’Unesco à Paris, où l’œuvre figure encore actuellement.
Une première exposition s’est tenue jusqu’au 2 novembre chez Larry Gagosian au Bourget (Seine-Saint-Denis) avec des pièces monumentales signées des deux créateurs. Les deux marchands, coutumiers du fait, avaient déjà collaboré sur plusieurs projets, notamment en 2004 avec une exposition « Perriand Prouvé » accueillie par Larry Gagosian à Los Angeles. Ce type d’échange est pratiqué depuis longtemps par des galeries dont les collectionneurs peuvent se trouver en affinité.
Rare prototype
L’exposition « Calder-Prouvé » est l’occasion pour la galerie Patrick Seguin de dévoiler sa nouvelle façade noire réalisée par les Ateliers Jean Nouvel. À l’intérieur, se dresse la monumentale structure centrale en tôle pliée conçue par Prouvé en 1948 pour les bureaux de l’usine Ferembal à Nancy, bureaux sur lesquels on trouve également d’intéressants éléments à la galerie. Ce système constructif à portique composé d’éléments d’acier et de bois reste l’un des rares prototypes du projet de Prouvé autour d’une production en grande série de bâtiments dont la fabrication était destinée à être industrialisée.
De part et d’autre de la structure, les pièces des créateurs dialoguent harmonieusement : ainsi de la maquette en aluminium de Calder Porc qui pique, posée sur un bahut en métal et bois de Prouvé proposé à 125 000 euros. Le tout est présenté sous l’imposante rampe lumineuse provenant de la Sécurité sociale du Mans, à vendre pour 340 000 euros. La conversation est tout aussi féconde entre la pièce historique de Calder Extrême porte-à-faux III (4,8 millions de dollars, 3,5 millions d’euros) et un petit tabouret rouge de Prouvé, ou entre un Fauteuil cité qui semble observer une sculpture légère et colorée de Calder, cadeau à Jean Prouvé. Sur la vingtaine de pièces exposées, seules 30 % sont à vendre.
jusqu’au 7 décembre, Galerie Patrick Seguin, en collaboration avec Gagosian Gallery, 5, rue des Taillandiers, 75011 Paris, www.patrickseguin.com, du lundi au samedi, 10h-19h.
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Calder-Prouvé : dialogue fécond
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Abonnez-vous dès 1 €Jean Prouvé, Table Centrale, 1954, tôle d'acier pliée et bois stratifié, 72,5 x 223 x 72 cm et Alexander Calder, Sans titre (maquette) – Cactus, vers 1960, tôle d'acier peint métal, 54 x 40 x 48,3 cm ; Mobile, 1961, métal peint et fer, 90 x 185 x 140 cm. Courtesy Galerie Patrick Seguin, Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : Calder-Prouvé : dialogue fécond