Malmenée par la montée en puissance de la place parisienne, Bruneaf a créé
une synergie intelligente avec la BOAFair et la BAAF.
BRUXELLES - Décidément, Paris n’en finit pas d’asticoter la Brussels non European Art Fair (Bruneaf) ! Après la concurrence de Kaos-Parcours des Mondes, bâtie depuis 2002 sur un schéma similaire, la foire d’arts primitifs subit à nouveau l’hégémonie hexagonale. Car, en juin à Paris, l’ouverture du Musée du quai Branly et les ventes Vérité à Drouot (lire p. 25) et Dintenfass chez Sotheby’s mobiliseront les esprits. Au point que même les exposants parisiens les plus fidèles, tels Renaud Vanuxem et Valluet-Ferrandin, se dérobent au rendez-vous bruxellois.
Faute d’avoir aligné ses dates sur les festivités françaises, Bruneaf risque de ne pas en capter les ressacs. Si Bernard de Grunne (Bruxelles) regrette « une erreur stratégique », Maine Durieu (Paris) salue en revanche un décalage qui lui permet de maintenir sa participation. Du côté des organisateurs, le ton se veut pragmatique. Indifférent aux effets de loupe, le président de Bruneaf, Patrick Mestdagh, mise sur les petits et les moyens collectionneurs, véritable poumon de la profession. « Ma responsabilité, c’est que les gens achètent 10 000 euros là, 3 000 euros ici, 5 000 euros plus loin, indique-t-il. Il faut que tous les marchands puissent fonctionner. » Les amateurs de la grosse cavalerie des ventes publiques diffèrent sans doute des visiteurs chevronnés de Bruxelles, en quête d’objets de qualité mais abordables. « Les prix sont plus accessibles ici qu’ailleurs, entre 20 et 30 % moins chers qu’à Paris, observe le marchand Patrick Claes (Bruxelles). Je suis sûr qu’il y aura même des Américains. Seule une minorité de gens peut se payer les grands objets de la collection Vérité, à peine 5 à 10 % de la clientèle. » La foire pourra aussi compter sur les marchands français, lesquels représentent d’après le galeriste Joris Visser (Bruxelles) entre un tiers et un quart de la clientèle du salon.
Navettes entre les sites
Faute de pièces spectaculaires, Bruneaf mise sur les découvertes. Joris Visser propose ainsi un ensemble de bijoux de Nouvelle-Guinée composés de coquillages et de dents de cochons sauvages (entre 250 et 5 000 euros). Marc Felix (Bruxelles) ne déroge pas à ses accrochages aussi beaux que savants, avec une soixantaine d’objets issus du royaume kuba (500 à 50 000 euros). Réservant son artillerie songye à son exposition parisienne, Patrick Claes prévoit une petite dizaine d’acquisitions nouvelles, notamment un bel ensemble tshokwe entre 5 000 et 35 000 euros.
Bruneaf jouit surtout d’un atout de taille : une synergie intelligente avec la Brussels Oriental Art Fair (BOAFair), spécialisée dans l’art oriental, et la Brussels Ancient Art Fair (BAAF), axée sur les antiquités. Une manière de pallier l’absence de grands objets par une offre très variée. BOAFair a d’ailleurs su corriger ses faiblesses logistiques et qualitatives de l’an dernier. En doublant le nombre d’exposants, elle n’a pas seulement grossi ses troupes, mais elle a aussi rallié quelques bonnes pointures comme Marcel Nies (Anvers) ou Gisèle Croës (Bruxelles). Pour parer à l’essoufflement des visiteurs, la foire mettra en place des navettes reliant les différents sites de concentration d’exposants. L’effet de saturation devrait enfin être atténué par des vernissages échelonnés sur trois jours. Dans le bras de fer avec Paris, Bruxelles opte visiblement pour une stratégie plus rationnelle que belliqueuse.
- Président : Patrick Mestdagh - Nombre d’exposants : 45 - Frais de participation : 2 000 euros (comprenant l’intégration dans un catalogue diffusé à 9 000 exemplaires) frais de location d’une galerie pour les exposants étrangers
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Bruxelles organise sa riposte
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Abonnez-vous dès 1 €7-11 juin, place du Grand-Sablon, Bruxelles, tél. 32 2 514 02 09, www.bru neaf.com, tlj 11h-19h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°238 du 26 mai 2006, avec le titre suivant : Bruxelles organise sa riposte