La foire poursuit le toilettage de ses exposants et s’ouvre encore davantage à l’art contemporain.
PARIS - Serpe ou sécateur ? Art Paris a choisi tour à tour chacun de ces deux outils pour élaguer sa liste d’exposants. En neuf ans, moyennant des coupes d’abord minimes puis plus radicales, le contingent a été renouvelé à 85 %. Cette année, vingt-cinq galeries ont été déboutées, tandis que d’autres sont gentiment poussées vers la sortie via des stands placés en périphérie.
Le changement de calendrier, puis le déménagement au Grand Palais, ont boosté l’événement. Le Prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel et Florence Guerlain lui a aussi donné de nouveaux galons en ralliant les grands collectionneurs parisiens, parmi lesquels certains n’avaient jamais mis les pieds sur le salon. L’allant commercial a enfin convaincu les regards les plus critiques. Mais depuis que la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) a aussi pris ses quartiers sur les Champs-Élysées, on attend Art Paris au tournant. « Cette année se révèle extrêmement importante, conviennent Henri Jobbé-Duval et Caroline Clough-Lacoste, codirecteurs du salon. Il faut confirmer le galop d’essai de l’an denier et notre positionnement, montrer que ce n’était pas juste un coup. »
Pour cela, la foire s’est mise au parfum contemporain. Bien que sage, cette fragrance offre une bouffée d’oxygène à une manifestation jusqu’alors axée sur le second marché. « Il y a de la place pour deux foires à Paris, défend la nouvelle recrue Nathalie Obadia (Paris). Il faut une foire posée comme Art Paris [proposant] des repères pour de nouveaux collectionneurs ou pour les plus anciens qui sont affolés par le tour que prend le marché de l’art contemporain. » D’autres enseignes se seraient bien frottées au public d’Art Paris, mais y ont renoncé par crainte de perdre leur branchitude, et de se voir ensuite refoulées par les foires plus hype.
Les nouveaux venus ne sortent pas vraiment des clous classiques de la manifestation. Laurent Godin (Paris) se concentre sur Gérard Traquandi, peintre inscrit dans la grande tradition française. Nathalie Obadia joue sur du velours avec un Fiona Rae de 1997, un Martin Barré de 1967 ou encore un Shirley Jaffe récent. La participation de Claudine Papillon (Paris) s’explique par la présence de son artiste Javier Pérez au sein de la liste des nominés pour le Prix de dessin. Elle prévoit six grandes feuilles de cet artiste ibérique, tout en installant sur le « parcours sculpture » des pièces de Françoise Vergier et d’Erik Dietman. Pas de folie du côté de Ghislaine Hussenot (Paris), qui mise sur des pièces abordables, entre les estampes de Jorge Pardo, les chaises de Franz West et les photos de Jeremy Blake. En revanche, un vent russe inédit sur le salon souffle du côté des galeries Orel Art (Paris) et Rabouan-Moussion (Paris), laquelle convie Alexandre Ponomarev et Oleg Kulig. En dépit de quelques propositions prometteuses comme l’hommage à Nam June Paik rendu par Albert Benamou (Paris), le « parcours sculpture » semble plutôt fait pour meubler le vide situé sous les mezzanines.
Reste à espérer que les Français ne succombent pas à leur fâcheuse tendance à épargner en période préélectorale. « Si les nouvelles galeries ne travaillent pas et si, du coup, cela leur nuit en termes d’image, il faudra tout recommencer à zéro, admet Henri Jobbé-Duval. Le tout est que les affaires marchent ! »
29 mars-2 avril, Grand Palais, av. Winston-Churchill, 75008 Paris, tél. 01 56 26 52 16, www.art paris.fr, tlj 11h-21h, lundi 2 avril jusqu’à 18h.
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Brise contemporaine sur Art Paris
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Abonnez-vous dès 1 €- Direction : Henri Jobbé-Duval et Caroline Clough-Lacoste - Nombre de participants : 109 - Tarifs des stands : 280 euros le mètre carré - Nombre de visiteurs en 2006 : 40 000
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°255 du 16 mars 2007, avec le titre suivant : Brise contemporaine sur Art Paris