La foire belge laisse présager une bonne année – du moins pour le marché de l’art ancien et moderne. L’ ambiance décontractée et la qualité des objets ont incité les visiteurs à ouvrir leur porte-monnaie.
Bruxelles. La Brafa (Brussels Art Fair), la plus grande foire belge d’art et d’antiquités, a refermé ses portes le dimanche 2 février. À son actif, une organisation impeccable, une ambiance détendue et des marchands qui avaient le sourire. Les visiteurs étaient venus nombreux – 68 000 contre 66 000 l’an passé – et, si les Américains n’ont pas répondu à l’appel, se réservant pour Tefaf à Maastricht qui débute le 7 mars, beaucoup de Néerlandais, d’Allemands, de Suisses, de Français mais aussi des Anglais et même quelques Russes avaient fait le déplacement.
Pour sa 65e édition, la foire réunissait 133 exposants, toutes spécialités confondues, depuis l’archéologie jusqu’à l’art moderne – très présent – en passant par la sculpture, le mobilier, les arts premiers ou encore la BD et le design. Tous, à une ou deux exceptions près, ont affirmé avoir vendu et très bien même, pour certains. Toutes les spécialités ont bénéficié de ce « climat acheteur », tant l’art ancien que l’art moderne, avec un panier moyen avoisinant 50 000 euros tandis qu’une poignée d’œuvres frôlaient ou dépassaient le million. « C’est la dix-septième fois que je viens et, même si ce n’est pas la meilleure, c’est une très bonne édition. Les gens ont de l’argent et on sent qu’ils ont envie d’acheter. On a l’impression qu’ils en ont “marre” de la crise, du Brexit…, ils veulent se faire plaisir ! », a commenté Klaas Muller, marchand de tableaux anciens (Bruxelles).
La galerie De Jonckheere (Genève), qui revenait après dix ans d’absence, a vendu dans les premiers jours Le Paiement de la dîme, tableaude Pieter Brueghel le Jeune comptant parmi les œuvres phares de son stand dont les prix s’échelonnaient entre 50 000 et 1,5 million d’euros. Brun Fine art (Londres, Milan) a réalisé plusieurs ventes, entre 50 000 et 200 000 euros, dont L’Amour vaincu, XIXe siècle, Florence, un marbre d’Odoardo Fantacchiotti. La Galerie Alexis Pentcheff (Marseille) a cédé dès le premier jour une huile sur carton de Pierre Bonnard, Jeune femme endormie, 1894 [voir ill.], tandis que plusieurs œuvres sur papier d’Édouard Vuillard représentant la muse Misia Sert ont rapidement trouvé preneurs.
Chez Steinitz (Paris), des ventes ont été conclues dès les premières heures, ainsi d’une paire de candélabres à trois lumières à figures de bacchante et de satyre, époque Louis XIV, modèle du sculpteur Corneille Van Clève provenant de la collection Goldschmidt-Rothschild. Un petit bureau attribué à Jacques Dubois, époque Louis XV, orné de bronzes au « C » couronné (1745-1749), en laque de Chine et vernis européen était par ailleurs réservé. Samuel Vanhoegarden (Knokke) a quant à lui fait un carton, grâce à une exposition consacrée à James Ensor (1860-1949). « J’ai mis plus de dix ans à réunir ces douze tableaux et cette vingtaine de dessins. J’ai presque tout vendu. Je suis très content, mais ça fait un petit pincement au cœur de mettre autant de temps à les rassembler et les voir partir en trois jours. » Parmi les œuvres, proposées entre 50 000 et 700 000 euros, figure La Tentation de saint Antoine, 1890, un dessin aux crayons de couleur.
Christophe Hioco (Paris) a aussi fait sensation puisqu’il s’est défait d’une vingtaine de pièces, de 5 000 à 100 000 euros, dont une statue en grès de Ganesh, Xe-XIe siècle, Inde, « qu’il aurait pu vendre deux fois ». Yann Ferrandin (Paris) a également fait parler de lui avec une collection de près de 50 cuillères d’art tribal dont plus de la moitié sont parties. Quant à Guy Pieters (Knocke), qui occupe comme chaque année le plus grand stand de la foire, il a fait mouche avec ses dessins de Christo, des feuilles préparatoires à l’emballage de l’Arc de triomphe [voir ill.] prévu en septembre et qui ont trouvé preneurs entre 600 000 euros et 1,2 million d’euros.
Autre succès : la vente caritative des cinq segments du Mur de Berlin a récolté 326 000 euros (mise à prix : 15 000 euros le segment), un chiffre au-delà des espérances des organisateurs.
Toutefois, si les transactions sont allées bon train, la bonne humeur des marchands a été quelque peu entachée par de fausses informations qui ont circulé dans la presse, à la suite d’un contrôle de routine mené par le SPF (service public fédéral) Économie le 27 janvier. La visite en elle-même n’a pas indisposé les exposants, habitués à ce type de procédures sur les différentes foires internationales, y compris à Tefaf. Mais les marchands ont déploré les informations erronées relayées par la presse locale et notamment la publication de noms de galeries qui n’étaient pas impliquées par les vérifications. « Ils nous ont demandé nos cartes d’identité et vérifié tous les papiers. Tout était en ordre et ils nous ont même félicités. On a ensuite été écœurés de découvrir notre nom dans la presse, dans un article qui n’était pas clair, alors que nous n’avons eu aucune saisie », s’est indigné Jean-Pierre Montesino (Cybèle, Paris). Et de poursuivre : « Nous n’avons rien contre ce type de contrôle mais cela pourrait être fait en dehors des heures d’ouverture au public. Cela nous fait beaucoup de mal. » L’article laissait entendre que les objets avaient été saisis sur les stands alors qu’il ne s’agissait que d’une simple saisie conservatoire en attente d’informations complémentaires ; par ailleurs ces objets n’étaient pas exposés sur les stands mais dans une réserve fermée pendant le salon.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Brafa 2020 : un climat acheteur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°539 du 14 février 2020, avec le titre suivant : Brafa 2020 : un climat acheteur