ART CONTEMPORAIN

Bernadet, pas de quartier pour les pommes

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 7 juin 2017 - 369 mots

Paris. On avait laissé Jean-Baptiste Bernadet (né en 1978) dans cette même galerie Valentin en mars 2015, au milieu de toiles abstraites qui témoignaient d’une belle maîtrise de la couleur, de la lumière, de la touche. On l’y retrouve deux ans plus tard avec principalement des pommes sur leurs branches accrochées aux murs qui, à première vue, marquent un changement radical. Il n’en est rien.

Ces œuvres récentes ont gardé la même touche : celle qui lui permet cette grande subtilité chromatique et cette façon de poser les couleurs presque impressionniste pour mettre en majuscule la sensation. Car Bernadet ne peint pas une pomme – il ferait alors de la figuration –, il peint sur une pomme moulée en résine, ce qui lui permet l’abstraction. De même il ne peint pas une pomme verte et sa branche marron – il ferait un trompe-l’œil ou de l’hyperréalisme – ni même une pomme orange – il frôlerait le pop art –, non, il croque sa pomme en usant d’une ambiguïté chromatique. Sa palette est marquée par des tons clairs et lumineux : une dominante de blancs, de jaunes, ponctués par des pastels subtils, des roses, des verts à peine posés. La pomme devient légère, semble en apesanteur, évoque un nuage de ouate, une boule de coton. Le contraire d’une pomme en somme. Et au final un fruit transfiguré en sujet de peinture. « Je vois mes pommes aussi ouvertes que mes tableaux, et en conséquence aussi susceptibles de dépendre des regards qu’on leur porte. Suffisamment colorées et bizarres pour qu’elles nous attirent, mais pas suffisamment colorées et bizarres pour qu’il n’y ait d’elles qu’une seule lecture. » Une chose est sûre : si la pomme est la tarte à la crème de l’histoire de l’art, avec Bernadet, la pomme a changé. Tout comme ces Voies lactées, fruits du hasard, dessinées par quelques plaques de lave émaillées qui complètent l’exposition et qui, posées au sol ou accrochées aux murs, modifient notre approche. Compris entre 5 300 euros pour la plus petite branche de pommier (Untitled, Apples) et 31 800 pour un triptyque de plaques émaillées, les prix sont élevés mais ils correspondent à la présence avérée de l’artiste sur la scène internationale.

Jean-Baptiste Bernadet, Solarium

Jusqu’au 1er juillet, galerie Valentin, 9, rue Saint-Gilles, 75003 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°481 du 9 juin 2017, avec le titre suivant : Bernadet, pas de quartier pour les pommes

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