Fred Lanzenberg présente à Bruxelles un ensemble d’œuvres récentes du sculpteur Dodeigne. Au travail rugueux de la pierre répond ici la sensualité de torses amputés de toute promesse de visage.
L’homme voit le corps en sculpteur sensible aux forces intérieures de la matière. Le geste, si incisif dans les dessins et parfois brutal dans la pierre, se fait ici singulièrement caressant (jusqu’au 22 novembre).
Épaulé de longue date par Frédéric Flamand, Carlos da Ponte donne de la pratique vidéo une illustration dramaturgique inspirée du quotidien dans cette dimension de récit que lui donne le passage par l’image. Les vidéos et les photogrammes, présentés jusqu’au 12 novembre dans la toute nouvelle galerie de Philippe Taburiaux et de Marianne Lacroix, témoignent d’une dimension symbolique toujours présente dans son œuvre. Les objets deviennent les emblèmes symptomatique d’un discours esthétisant, qui s’inspire du réel pour s’ériger en discours mythique.
À Bruxelles, la galerie Beeckman présente jusqu’au 24 décembre les dessins de Marc Raes dont le trait aigu cerne la condition moderne du visage pour investir le papier selon un rituel clairement établi et répété de façon immuable. L’intensité du graphisme témoigne d’une conscience aiguë, tant pour ce qui fait la spécificité du visage que pour ce qui définit la valeur du dessin comme idée, mais aussi comme émotion contenue. Un détour chez Patrick Derom permet de se laisser entraîner dans un parcours historique de la peinture et de la sculpture belges, de Navez à Gaston Bertrand et Jo Delahaut. Des pièces de qualité, au nombre desquelles se signale un ensemble de sculptures, dessins et gravures de George Minne (jusqu’au 5 novembre).
À Stavelot, Le Triangle bleu expose jusqu’au 27 novembre les œuvres récentes d’Yves Zurstrassen, qui témoignent d’un parcours à la recherche d’effets de luminosité fragile, dans un rejet constant des références mimétiques trop évidentes. L’abstraction apparaît ici sous sa forme emblématique. Le peintre offre un regard anxieux vis-à-vis de figures symboliques dont le déchiffrement passe par la sensibilité à l’infime modulation de lumières éphémères et transparentes.
À Anvers, Ronny Van Velde présente jusqu’au 12 décembre une exposition d’œuvres de Man Ray dont le succès commercial repose essentiellement sur la publication d’un volumineux ouvrage au texte indigent, mais à l’iconographie abondante. Serait-on face à un nouveau débouché pour les galeries d’art ? Un exposition intéressante dont les mobiles et la conception méritent qu’on s’y arrête, et qu’on réfléchisse à la portée d’une telle politique d’exposition.
À Anvers toujours, la galerie Van der Planken expose les œuvres matiéristes de Gartner. La multiplicité des éléments impliqués dans ces ensembles évoque la complexité des relations entre les objets qui marque le monde moderne. La facture apparaît ici comme une tentative d’unir les choses entre elles selon un dialogue puissant que la ligne, aérienne et poétique, synthétise.
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Belgique : un nouveau créneau, l’édition
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Belgique : un nouveau créneau, l’édition