À Bruxelles, jusqu’au 25 juin, Albert Baronian présente l’œuvre de Thierry Renard, qui joue de l’histoire de l’art comme d’un savant héritage que sa pratique du collage entend démystifier. Il s’agit moins de mettre en question que de détourner – au sens où l’entendaient les situationnistes – afin de rendre à l’image sa poésie propre.
La Galerie Quadri présente, jusqu’à la fin du mois de juin, de remarquables petits formats de Carl André accompagnés d’œuvres de l’Américain Alan McColum. Le tout témoigne de l’originalité d’une jeune galerie qui compte parmi les plus dynamiques de la capitale. Autre lieu actif, la Galerie Marie-Puck Broodthaers présente, jusqu’au 2 juillet, les photographies de Ingeborg Lusher qui jouent d’effets matiérés pour rendre les variations lumineuses de l’air. Dans le registre photographique, signalons encore les œuvres de Michel Couturier, exposées à la Galerie Catherine Mayeur jusqu’à la fin juin, qui explorent l’apesanteur, le mouvement, la matière, en des images sensibles qui se doublent d’une installation vidéo.
La Galerie Bastien présente, jusqu’au 12 juin, des créations récentes de Pierrot Bayard, compagnon libre de figuration de Combas et autres Boisrond. On y retrouve, en plus maniéré que chez ces deux derniers, un univers peuplé de figures cocasses, voire naïves, qui allient surréalité du sens et onirisme des atmosphères : femmes, visages, objets, emblèmes et animaux s’y déploient dans un désordre savamment orchestré, qui révèle à la fois un imaginaire quotidien bien ancré dans son temps et un jeu de détournement des images qui mêle cinéma, dessin animé, affiche publicitaire, récit littéraire et références plastiques.
Enfin, pour les promeneurs, signalons la monumentale Arche du Grec Costas Tsoclis, qui a échoué non loin de Bruxelles, dans le parc Tournay-Solvey. Grâce au concours de la Fondation européenne pour la sculpture, ce vaste vaisseau, de neuf mètres de long pour près de cinq mètres de haut, recèle en son ventre – fait de planches prises à de réels navires – des messages et des œuvres de personnalités tant littéraires qu’artistiques.
En Wallonie, à Lièges, La Galerie présente, jusqu’au 18 juin, un ensemble d’œuvres de Maurice Lemaire qui témoignent de l’attachement de ce dernier à la matière comme au support d’un geste introspectif sensible à la fragilité du temps. On reconnaît là l’origine littéraire de l’artiste qui, après avoir renoncé à l’écriture et connu une intéressante période figurative, s’intéresse désormais aux tensions calculées que la ligne impose à des champs lumineux chargés de matière.
À Stavelot, le Triangle bleu expose, jusqu’au 13 juin, les œuvres récentes de Serge Gangolf. On y retrouve le jeu formel qui caractérisait les travaux précédents : usant aussi bien du bronze que de l’aluminium, Gangolf met en scène un espace cristallin que scandent ombres et lumières en d’infimes mouvements de matière, dans laquelle la découpe se fait morsure.
À Jambes, la Galerie Détour ouvre ses portes, jusqu’au 18 juin, à Dario Caterina. La monumentalité néo-primitiviste des formes humaines et la franchise acide de la palette restent les signes distinctifs de cet artiste, toujours attaché à assimiler image et récit en un même découpage saccadé. La théâtralité des compositions va dans le sens d’un imaginaire à la recherche de ses références, de ses codes, de ses clés de lecture. Celles-ci pénètrent l’œuvre sans renoncer à leur part de mystère.
En Flandre, Anvers accueille actuellement quelques expositions intéressantes. La Galerie Acht expose, jusqu’au 17 juin, les gravures sur bois de Hilde Van Den Heuvel. La monumentalité des figures trouve sa formulation synthétique dans l’économie des moyens, qui se veut à la fois influence orientale et référence populaire. Le trait énergique rencontre la pureté d’une palette qui vise à l’effet dans la concision et la précision. Au Museum voor Hedendaagsse Kunst (MUHKA), en attendant l’"Été de la photographie" qui ouvrira bientôt ses portes, l’exposition Dennis Adams témoigne de l’acuité d’une réflexion sur le vrai, à travers des travaux qui sont autant de pièges pour la raison. Jouant des effets pervers d’une société de consommation, dont ses photographies spontanées démontent les mécanismes, Adams livre une réflexion intéressante qui mérite à elle seule le détour. Signalons encore l’exposition "Magritte et la période Vache", qui fermera le 26 juin (Galerie Ronny Van de Velde).
À Bornem, la Fondation Helen-Arts présente, jusqu’au 30 octobre, une nouvelle édition de son exposition "Monumental", qui regroupe des sculpteurs de toutes provenances pour un salon d’ensemble unique en son genre. On y retrouvera des œuvres de René Rohr, Karen Gulden, Grégori Anatchov, Michel Arouges ou Philippe Amiel.
À Knokke-Heist, jusqu’au 5 juin, la Galerie Arets offre un panorama de l’abstraction de 1948 à 1974. On y retrouve tous les grands noms de l’art contemporain en Belgique, d’Alechinsky à Wyckaert en passant par Bertrand, Lismonde, Vandercam, Van Lint, Delahaut ou Lacasse. Une belle initiative qui clôture notre panorama, dans l’attente d’un mois de juillet voué aux accrochages d’été.
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Belgique : avant l’été, d’Adams à Wyckaert
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : Belgique : avant l’été, d’Adams à Wyckaert