PARIS
Toute œuvre d’art, à partir de l’instant où elle investit le champ de la critique sociale et politique, se retrouve dans une étrange position. Elle se doit d’être une réponse à un environnement particulier sans pour autant verser dans l’illustration prosaïque de problèmes donnés. Sa grammaire esthétique, ses couleurs, ses formes, ses matériaux se doivent d’initier un dialogue avec le spectateur afin de le contraindre à s’ouvrir aux diverses interprétations possibles. Dès lors, la prise en compte de l’espace de présentation répond à la volonté de l’artiste de créer un lieu soudain propice à des contenus non statiques. C’est ce que réalise avec brio l’artiste allemand Lothar Baumgarten depuis près de 30 ans. Ses œuvres, mêlant souvent photographies et inscriptions sur les murs, s’attache à comprendre ce qu’est une culture et combien toute construction identitaire s’appuie généralement sur le rejet de l’autre, voire dans certains cas, par l’élimination pure et simple de sa langue, de ses coutumes. Ainsi, Carbon, son magnifique travail de 1990, présentait des paysages photographiques des gares du grand Ouest américain. Sur ces images, l’artiste avait inscrit en négatif le nom des anciennes tribus autochtones (Cherokee, Choktaw, Iroquois) comme pour mieux indiquer la manière dont l’imaginaire américain s’est aussi construit sur l’extermination de ces peuplades. L’exposition de la galerie Marian Goodman se présente comme l’une des installations les plus complexes jamais réalisées par cet artiste. Néons, sardines, mots sur les murs et photographies composent l’ordinaire d’une pièce surprenante dénonçant notre rapport fictionnel au monde.
PARIS, galerie Marian Goodman, jusqu’au 21 décembre.
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Baumgarten, entre néon et sardine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°521 du 1 novembre 2000, avec le titre suivant : Baumgarten, entre néon et sardine