Les ventes aux enchères de New York avaient, aux mois de mai et juin, nettement prouvé la santé retrouvée du marché de l’art moderne et contemporain. L’un des baromètres annuels, la Foire de Bâle, dont la trentième édition s’est déroulée du 15 au 21 juin, a confirmé la tendance, dans un salon fidèle à sa réputation et très bien fréquenté.
BÂLE - Les collectionneurs américains viennent toujours nombreux en Europe les années impaires, celles de la Biennale de Venise. 1999 n’a pas échappé à la règle et la Foire de Bâle a enregistré une affluence record (52 000 visiteurs). Mais surtout, le nombre de “VIP”, c’est-à-dire les collectionneurs d’art du monde, les conservateurs de musée et les artistes, a augmenté de 50 % par rapport à l’année dernière. Au-delà de ces chiffres, les ventes se sont révélées exceptionnelles, du jamais vu depuis les années quatre-vingt. Certains grands collectionneurs triés sur le volet ont même eu le privilège de parcourir la foire le lundi 14 juin, un jour avant le vernissage officiel. Il n’était pas rare d’en découvrir certains inspectant les œuvres encore dans leurs caisses, avant même qu’elles ne soient accrochées.
Au terme du salon, les galeristes étaient enthousiastes, satisfaits de la fréquentation de qualité, et en particulier des ventes réalisées. “La foire a été fantastique”, déclarait-on sur le stand de la galerie new-yorkaise Metro Pictures, où l’on signalait bien évidemment un grand intérêt pour le travail de Cindy Sherman, mais aussi pour celui de Louise Lawler. Parmi les contemporains, Gursky, Struth ou Hirst faisaient également l’objet d’une grande attention, tout comme les artistes exposés à la Biennale de Venise, à l’image de Michel François chez Jennifer Flay. Pierre Huber, directeur de la galerie genevoise Art & Public, se félicitait d’avoir cédé près de quarante-cinq pièces, de Wang Du à Cindy Sherman : “C’est un baromètre formidable, nous a-t-il déclaré. Maintenant, nous pouvons partir en vacances !”. Un même enthousiasme était également de mise sur le stand de Bruno Bischofberger, qui avait vendu presque toutes ses œuvres de Francesco Clemente dès le premier jour, ou chez Casoli, de Milan, dont la très belle exposition consacrée à Emilio Fontana était entièrement dispersée. Ailleurs, Krugier rendait un hommage aux “Femmes” de Picasso, et Beyeler proposait un remarquable face à face entre Arp et Miró. Jacobson, de Londres, n’arrivait pas à trouver preneur pour l’une des dernières œuvres de Frank Stella (13 mètres de long, 1 million de dollars), tandis que Helly Nahmad, avec des toiles de Degas, Kandinsky, Ernst..., se montrait très satisfait de sa première participation, soulignant une fois encore la forte présence des collectionneurs américains. Pourtant, la galerie luxembourgeoise Erna Hécey, qui présentait, avec Picaron, l’une des deux expositions personnelles de Fabrice Hybert, semblait attendre davantage d’amateurs du Nouveau Monde, même si elle soulignait “ses très bons résultats”.
Dans un secteur “Photographie” dont la définition semble aujourd’hui problématique face à l’omniprésence de ce médium dans la foire, Christian Courrèges réalisait, sur le stand de Baudoin Lebon, près de 142 portraits, dans une mise en scène de Daniel Buren. À côté des éditions, du hall de sculptures renouvelé, du forum vidéo ou de la nouvelle section consacrée aux films, les “Statements” restaient l’un des points forts de la foire, avec notamment le projet d’Olaf Breuning chez Ars Futura. Enfin, si l’UBS soutient la foire, La Bâloise Assurances a cette année décerné deux prix pour les stands de Matthew Ritchie et Laura Owens.
Peut-être un peu plus décevante que les années précédentes, “Liste 99”, la jeune foire, réunissait quelques bons stands, tel celui de Mathieu Mercier (Chez Valentin). Isabelle Suret, qui y participait pour la première fois, avec un projet de Bernard Lallemand, soulignait elle aussi la qualité du public, collectionneurs et commissaires d’expositions. Avec un bon niveau des affaires, la “Liste” est cependant devenue plus sérieuse et moins festive. Peut-être suivra-t-elle, en 2000, l’exemple de son aînée, puisque l’on nous promet déjà, pour “Art’31”, de nombreuses surprises.
Forts du leadership mondial de la Foire de Bâle, ses organisateurs étudient actuellement de nouveaux développements, notamment à l’étranger, même si rien n’est encore décidé. Il ne s’agirait pas de copier “Art Basel�?, mais de définir de nouveaux concepts pour satisfaire la demande des galeries, notamment américaines. Miami ferait partie des villes en lice.
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Bâle vraiment au top
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Bâle vraiment au top