BORDEAUX
Pour sa troisième édition, BAD+ Bordeaux art & design a mis tous les atouts de son côté. Mais le marché très ralenti ne lui a pas offert un contexte favorable.
Bordeaux. La Foire bordelaise « célébrant les liens entre art, design et art de vivre », avait pour ambition de relever encore d’un cran le niveau de sa sélection et d’affirmer son ancrage territorial. BAD+ a ainsi fait valoir une série d’initiatives avec les institutions et châteaux partenaires, notamment à travers un programme de résidences d’artistes (issus des galeries participantes), ainsi que grâce à deux prix dédiés à la création émergente locale. Celui décerné par le Château Kirwan, dévoilé à l’issue du dîner de gala caritatif organisé à grands frais par la foire, la veille de son ouverture, est allé à un dessin de Valérie Sonnier (née en 1967), acquis auprès de la galerie Nadja Vilenne (Liège). Le Prix BEAM (Bordeaux Events And More) x EBABX (École supérieure des Beaux-Arts de Bordeaux) a fait bénéficier son lauréat, Cristiano Codeço de Amorim), d’une dotation de 5 000 euros et d’une visibilité dans le parcours. Cette édition a aussi renforcé le développement des relations extérieures du Salon et l’accompagnement des collectionneurs.
Parmi ses atouts, BAD+ offre à ses visiteurs une vue imprenable sur la Garonne, dont profitaient surtout les exposants du premier étage, éclairé par de larges baies vitrées et bordé par une terrasse en surplomb du fleuve. Enfin, le soutien renouvelé du Family Office Alienor Capital, partenaire officiel de la foire, devait lui assurer cette année un vernissage plus fréquenté que l’année précédente. Et en effet, le jeudi soir a vu de nombreux Bordelais franchir les portes du Hangar 14. Mais les jours suivants ont été calmes.
Cette édition réunissait quarante galeries. Ce gabarit limité n’empêchait pas un éventail assez large, allant des enseignes de second marché, basées dans la région à des galeries d’art contemporain venues de Paris, d’Europe (Belgique, Espagne), de Londres et des Pays-Bas. Anne-Sarah Bénichou, membre du comité de sélection, présente depuis le lancement de la foire, avait par expérience fait le choix d’un stand varié mais structuré, présentant les œuvres de six artistes, selon un spectre de prix accessibles (de 800 à 13 000 euros) : dessins de Chourouk Hriech (née en 1977), cyanotypes de Julien Discrit (né en 1978), tirages rehaussés à la gouache de Valérie Mréjen (née en 1969), huiles sur lin d’Alexander Massouras (né en 1981), petits tableaux de Mireille Blanc (née en 1985)… la galerie Álvaro Alcàzar (Madrid) était également de retour sur la foire avec notamment une belle sculpture en bois de David Nash (né en 1945) au milieu de son stand. La galerie Hadrien de Montferrand, basée à Pékin et qui a ouvert un espace à Londres, était venue, avec, entre autres pièces, un monochrome noir matiériste du peintre Bao Vuong (né en 1978), qui lui a valu beaucoup d’intérêt dès l’ouverture. Seule la galerie Harlan Levey Projects (Bruxelles) s’était risquée à un solo en exposant plusieurs séries de l’artiste australien Sean Crossley (né en 1987), dont deux toiles de dimensions importantes (de 5 500 à 14 500 €). Parmi les galeries d’art contemporain, la galerie Nadja Vilenne se signalait par son accrochage pointu, avec en particulier une série de photographies, à la manière de natures mortes de Jacqueline Mesmaeker (1929-2023), des œuvres conceptuelles de Michiel Ceulers (né en 1986), et des compositions à l’esprit surréaliste de Jacques Lizène (1946-2021). « Je viens ici dans l’espoir de rencontrer les institutions locales comme le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux et le Frac », expliquait la galeriste.
Sur plusieurs des stands de second marché, on notait la récurrence de tableaux figuratifs de Bernard Buffet (1928-1999), de spirales d’acier à échelle domestique de Bernar Venet (né en 1941) ainsi que des toiles chatoyantes de Somsak Hanumas (né en 1980) déclinées dans différentes couleurs. Le paysage Bateaux à travers les pins (1998) de Bernard Buffet exposé par la galerie Haussmann lui valait par ailleurs le record de la foire en termes de prix : 450 000 euros, tandis que la galerie Schanewald présentait un portrait pour 370 000 euros, à côté d’une toile de moyen format de Hartung (1904-1989) et d’un singe en bronze piqué de fleurettes rose fuchsia, Le P‘tit Kong (2016), de Phillipe Berry (1956-2019), rapprochement esthétique discutable. Plusieurs petites toiles calligraphiques colorées sur fond blanc de Jean Miotte (1926-2016) étaient également en vente chez deux ou trois galeristes : la cote de l’artiste remonte depuis quelque temps, assure la galerie Artset, dont l’espace comprenait aussi des œuvres signées Alechinsky (né en 1927), Viallat (né en 1936), Lindström (1925-2008), Ernest Pignon-Ernest (né en 1942)… La galerie L’Héritier, qui faisait ses tout premiers pas sur une foire avec en particulier de grands tirages rehaussés de Denis Félix (né en 1960), est repartie en ayant noué de nombreux contacts mais sans avoir réalisé aucune vente. Elle n’était hélas semble-t-il pas la seule dans ce cas.
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Bad timing pour BAD+
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Bad timing pour BAD+