Floride

Avis de vent froid sur Miami

Foire test

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2008 - 721 mots

Art Basel Miami Beach ouvrira ses portes dans un contexte de refroidissement généralisé

MIAMI BEACH. «  La chute d’America, Inc  » titrait ainsi récemment le quotidien Le Monde pour un article sur la chute du système bancaire américain et l’effondrement de la «  marque  » Amérique. Une déroute dont on a pu mesurer les séquelles lors des ventes publiques de novembre à New York. Même si les auctioneers ont réussi à sauver les meubles, les taux d’invendus le disputaient à une baisse généralisée des prix.
Cette déconfiture pourrait bien plomber la foire Art Basel Miami Beach, organisée du 4 au 7  décembre. Tout comme le scandale de la banque UBS, laquelle aurait parrainé plusieurs manifestations américaines, dont Art Basel, pour convaincre les collectionneurs américains d’ouvrir des comptes offshore. Le principal sponsor de la foire risque de ne pas être en odeur de sainteté sur le territoire américain… Renflouée par la Confédération helvétique en octobre dernier, UBS n’est-elle pas trop fragile pour poursuivre son sponsoring de la foire, malgré la reconduction en juin dernier du contrat pour une durée de trois ans  ? «  La situation économique n’a eu aucun effet sur notre partenariat qui dure depuis quatorze ans, botte en touche Marc Spiegler, codirecteur d’Art Basel Miami Beach. Pour nous rien n’a changé, pour eux non plus. Ils font les mêmes événements à Miami que l’an dernier.  » Certes, le salon a confirmé son ancrage en Floride jusqu’en 2011, Messe Schweiz ayant pris une participation dans le Convention Center et consenti à importer au moins un autre salon à Miami. Pourtant rien ne sera plus jamais comme avant. «  Toutes les nouvelles règles auront été réécrites d’ici là, observe avec justesse Lisa Spellman, directrice de 303 Gallery (New York). Quand vous aviez l’habitude de tout vendre en deux heures, vous seriez contents de céder dix pièces d’ici la fin de la foire. On dirait tous alors que la foire a été un succès.  » Cette nouvelle donne n’empêche pas certains de prendre de vrais risques, à l’image de Nelson-Freeman (Paris-New York). La galerie prévoit une très grande sculpture de Pedro Cabrita Reis et une nouvelle œuvre colossale de Michael Heizer. «  Cela peut sembler insensé, mais c’est un risque nécessaire. Il faut rester sérieux, engagé, même dans une période difficile  », insiste Peter Freeman.

Tactiques variées
Le sérieux semble dominer la section Art Nova, où plusieurs galeries ont misé sur des expositions personnelles comme Ai Weiwei chez Urs Meile (Lucerne-Pékin), ou Sturtevant chez Mezzanin (Vienne). Kamel Mennour (Paris) marque son retour par un dialogue entre Doa Aly, Shen Yuan et Miri Segal, tandis que son confrère Jocelyn Wolff (Paris) se concentre sur Clemens von Wedemeyer, Guillaume Leblon et Katinka Bock. «  Le travail de promotion continue, quel que soit l’état conjoncturel du marché, déclare Jocelyn Wolff. Par ailleurs, je pense que les très bons artistes, quand ils ne sont pas proposés trop chers et n’ont jamais fait l’objet de spéculation, ne voient pas leur marché s’évaporer lors d’une crise.  Et puis, the show must go on  : on ne peut pas se recroqueviller et avoir peur de l’avenir, alors que l’essence du métier de galeriste est un engagement sur l’avenir.  »

Les foires « off » n’ont pas encore fondu au soleil

Le gel du marché de l’art n’a pas encore fait fondre la débauche de foires satellites greffées à Art Basel Miami Beach. Celles-ci restent cette année au nombre de… vingt-et-une ! Un chiffre d’autant plus étonnant qu’à Londres au moment de Frieze, la foire Year 08, sentant le vent tourner, avait déclaré forfait. Bridge Art Fair avait même préféré se greffer à Art Forum (Berlin), réduisant ainsi sensiblement ses coûts. Pulse annonce pourtant sa plus grande édition depuis sa création. « Les foires restent le lieu où les marchands font une grande part de leur chiffre, observe Helen Allen, directrice de Pulse. Le passage dans les galeries s’est nettement ralenti à New York et Los Angeles, mais les gens visitent toujours les foires. » Même sérénité du côté de NADA. « NADA a un statut particulier, comme Liste à Bâle. En revanche, il est possible que certaines foires n’arrivent pas à trouver un nombre suffisant d’exposants pour remplir les chambres d’hôtel », observe le galeriste Carlos Cardenas (Paris). Celui-ci misera notamment sur Henry Taylor, coqueluche des collectionneurs Don et Mera Rubell.

ART BASEL MIAMI BEACH

Directeurs : Marc Spiegler et Annette Schönholzer Nombre d’exposants : 266 Tarif des stands : 530 dollars le m2 pour secteur général Nombre de visiteurs en 2007 : 43 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°292 du 28 novembre 2008, avec le titre suivant : Avis de vent froid sur Miami

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