Au Mobilier national, les disparitions continuent

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 5 décembre 1997 - 425 mots

Un foyer de lycéennes, une société thermale, la Caisse nationale du Crédit agricole bénéficient curieusement de dépôts du Mobilier national et du Fonds national d’art contemporain. La Cour des comptes épingle une nouvelle fois ces institutions et leur autorité de tutelle, la Délégation aux arts plastiques.

PARIS - La Cour des comptes, renouvelant en partie ses remontrances de 1992, constate dans son rapport annuel que “l’état des réserves et des inventaires est alarmant, le personnel sous-encadré, les magasins – dispersés en sept sites – sont en grand désordre, encombrés de nombreux objets endommagés et hétéroclites”. “La situation des dépôts n’est pas moins préoccupante. Les demandes, qui doivent être faites par le ministre, arrivent sous les timbres les plus divers”, comme celui du maître principal porte-fanion du chef d’état-major des armées ! Alain Juppé avait pourtant rappelé, en 1996, les règles d’attribution. Parmi les surprenants bénéficiaires de ces dépôts, figurent le comité France-Amérique, les fondations France-Libertés et Vasa­rely, la société thermale de Plom­bières ou le foyer des lycéennes de la rue Blanche. Le ministère de la Culture et les services du Premier ministre sont par ailleurs largement pourvus en mobilier et objets antérieurs à 1800, malgré l’interdiction de dépôt qui pèse sur eux. Depuis dix ans, les “pertes” de mobilier, jugées “importantes”, représentent 6 millions de francs environ.

Le Fonds national d’art contemporain (Fnac) n’est guère plus rigoureux que le Mobilier national, si l’on en juge par la liste de ses dépositaires : “le Haut-Commis­sariat en Syrie, l’École coloniale, l’Assemblée de l’Union française, ou même des ministères disparus (...) l’Ordre des avocats, la Maison des journalistes, Radio Monte-Carlo ou la Caisse nationale du Crédit agricole”.

Selon la Cour, le Mobilier national “ne dispose pas de l’influence ni des moyens nécessaires pour exercer ses prérogatives” auprès des 534 bénéficiaires de dépôts. “Il ne peut guère compter sur le soutien du ministère de la Culture, qui a même tendance à mobiliser certains des moyens et des crédits de ce service à des fins qui lui sont étrangères”, note le rapport. “C’est ainsi que les crédits d’acquisition du Mobilier national ont été utilisés pour financer, pour un montant de 556 000 francs, les travaux de décoration d’une salle du ministère de la Culture”. Quant au récolement des dépôts d’œuvres d’art confié par Alain Juppé à une commission présidée par un magistrat de la Cour des comptes, il se heurte aux réticences de certaines administrations. Ces obstructions retardent l’achèvement du contrôle, théoriquement fixé au 31 dé­cembre 1999 (lire le JdA n° 30, novembre 1996). La suite au prochain rapport ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Au Mobilier national, les disparitions continuent

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