La vingtième édition de la foire turinoise d’art contemporain a gagné en qualité en présentant des artistes moins habituels et en s’ouvrant à de jeunes galeries.
TURIN - Artissima, qui s’est tenue du 8 au 10 novembre à Turin (Italie), a ceci d’intéressant que l’on voit des œuvres différentes. Son offre n’est pas faite des traditionnelles enseignes que l’on retrouve quasi invariablement, de rendez-vous en rendez-vous, dans le concert des foires internationales ; cette année y était notable une ouverture marquée vers l’Est avec plusieurs galeries polonaises, dont l’excellente Leto (Varsovie), proposant un remarquable projet de dessins de Honda Zamojski, mais aussi des exposants en provenance de Hongrie (Ani Molnár, Budapest) ou d’Estonie (Temnikova & Kasela, Tallinn). Ainsi, on peut y faire de nombreuses découvertes. L’augmentation du nombre d’exposants, passés de 172 à 190, n’a pas dilué la qualité, c’est même l’inverse qui s’est produit.
Cette vingtième édition, la seconde depuis l’arrivée de Sarah Cosulich Canarutto à la direction du salon, a montré une nette amélioration globale par rapport au cru 2012. Évidemment quelques bien mauvais stands étaient présents, d’ailleurs pour beaucoup répartis sur les allées les plus latérales, comme si les organisateurs en avaient pris conscience et les avaient un peu éloignées du cœur de la foire. Un cœur dans lequel étaient concentrées les deux sections montées par des curateurs, « Back to the Future » et « Present Future », respectivement consacrées à des artistes redécouverts et à la création émergente ; deux secteurs qui cette année se sont étendus, passant respectivement de 19 à 30 participants, et de 20 à 25.
Chez les anciens, remarquable était la redécouverte de « film stills » d’actions de Ulay colorés en jaune chez Motinternational (Londres, Bruxelles), le stand des plus radical consacré à Guy Mees par Valentin (Paris), les délirantes photos d’actions sculpturales de Jimmy de Sana proposées par Wilkinson (Londres) et que n’auraient sans doute pas reniées un Erwin Wurm, ou des travaux répartis sur trois décennies de la toujours fraîche Dorothy Iannone chez Air de Paris (Paris).
Chez les plus jeunes, retenaient particulièrement l’attention l’examen par Alfredo Esquilo de la résilience de certains modes de croyance dans la société philippine chez Tin-aw Art (Manille), les portraits féminins grossièrement saturés évoquant une révolte de matrones contemporaines par Ella Kruglyanskaya chez Kendall Koppe (Glasgow), ou encore les fourmillants dessins urbains de Ceren Oykut exposés par X-IST (Istanbul).
Terrain de reconnaissance des jeunes galeries
Si elle est différente, c’est aussi car Artissima mise beaucoup sur les jeunes enseignes, et pas seulement dans sa section « New Entries ». « Sélectionner des galeries peu connues permet de créer des nouveaux réseaux qui sont bénéfiques pour eux comme pour nous », affirme Sarah Cosulich Canarutto. Un avis partagé par Stefan Benchoam de la galerie Proyectos ultravioleta (Guatemala City) : « Il y a au Guatemala deux collectionneurs et demi, et au-delà de l’Amérique latine il est important pour nous de nous ouvrir sur l’Europe. Naufus Ramírez-Figueroa a gagné l’an dernier le Prix Illy Present Future et dispose cette année d’une exposition au Castello di Rivoli. Cela nous a décidés à revenir afin de présenter un plus large panel de nos artistes. »
De son côté, Christian Andersen (Copenhague), qui pour sa troisième participation exposait notamment des tableaux de l’allemande Julia Haller, soulignait que « Artissima est une très bonne foire pour commencer en tant que jeune galerie, et d’ailleurs il semble que toutes les jeunes galeries y font leurs débuts. Les collectionneurs italiens ont une affinité pour l’art conceptuel et minimal qui est dans notre tradition, et nous avions eu de bons résultats l’an dernier. »
Notable est le fait que des propositions françaises aient été très bien accueillies cette année, puisque remportant deux prix décernés sur le salon. Avec ses œuvres hybrides Caroline Achaintre, représentée par Arcade (Londres), a été désignée lauréate du Prix Illy Present Future, tandis que la galerie Antoine Levi (Paris), qui présentait des travaux picturaux du Norvégien Olve Sande réalisés in situ avant l’ouverture de la foire et des sculptures du Péruvien Daniel Jacoby, s’est vu attribué le Prix Guido Carbone New Entries, qui récompense une jeune galerie présente dans cette section pour l’ensemble de sa prestation.
Directrice : Sarah Cosulich Canarutto
Nombre d’exposants : 190
Nombre dea visiteurs : 50 000
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Artissima se bonifie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°402 du 29 novembre 2013, avec le titre suivant : Artissima se bonifie