LISBONNE / PORTUGAL
La cinquième édition du salon de Lisbonne met en lumière une scène portugaise fort active.
LISBONNE - Dans la myriade de foires et salons couvrant la totalité du calendrier artistique, la foire de Lisbonne, Arte Lisboa, est jusque-là restée discrète, cultivant une taille raisonnable et un caractère régional sans doute inhérents à sa jeunesse. Qu’on en juge. Sur les 58 exposants présents pour sa cinquième édition, du 24 au 28 novembre, 41 galeries étaient nationales, les autres étant majoritairement espagnoles, auxquelles se sont jointes deux allemandes, une russe et une brésilienne. Le contexte est porteur, de l’avis des marchands, avec un accroissement du nombre d’amateurs et de collectionneurs, dans un pays où les acquisitions publiques sont réduites à la portion congrue. Pour le visiteur, une foire où l’on voit d’autres artistes que ceux qui sont présents dans tous les rendez-vous internationaux constitue à n’en pas douter un plus.
Sur la forme, l’événement présente plutôt bien, avec des allées très amples et, surtout, des stands très vastes, permettant des accrochages souvent clairs, où prédominent massivement peinture et dessin. Il n’est guère que Cristina Guerra (Lisbonne) a avoir osé l’installation radicale, avec la seule présentation, en grand format, d’une vidéo de João Onofre, l’un des artistes de la nouvelle génération portugaise les plus visibles à l’étranger. Untitled (masked Tap Dancer) fut d’ailleurs enlevée en dix minutes, pour la somme de 8 000 euros.
Génération montante
Sur le fond, la qualité est diverse, mais on retient l’énergie et le fort dynamisme d’une scène émergente. Car si quelques galeries « cossues », telles Filomena Soares (Lisbonne) ou Mário Sequeira (Braga), affichent des poids lourds internationaux comme Günther Förg, Jason Martin, Angela Bulloch, Julian Opie ou Richard Long, la plupart des galeristes jouent la carte jeune locale.
La visite des stands, autant que celle des galeries du centre-ville, permet en effet de belles découvertes. À l’exemple des compositions abstraites de Pedro Vaz chez Módulo (Lisbonne) ou d’Isabel Nuñez chez Arte Periférica (Lisbonne), des figures « diluées » de Carlos Correia chez Pedro Oliveira (Porto) ou des sculptures étranges de Rui Chafes chez Graça Brandão (Porto). Dans sa galerie, Luís Serpa, absent de la foire cette année, montre des abstractions noires sur médium très accrocheuses du jeune Romeu Gonçalves. La moyenne d’âge de cette génération montante est d’environ 30 ans, et certains sont encore loin de les atteindre. Les prix de leurs œuvres ne peuvent que suciter l’enthousiasme des acheteurs. Avec des prix entre 2 000 et 3 000 euros pour des formats moyens, l’amateur ne prend pas beaucoup de risques et peut se permettre un soutien sans trop de réserve.
Collection de milliardaire
C’est l’éclosion de cette scène de qualité qui serait, selon António da Veiga Pinto, l’une des raisons de la création d’Arte Lisboa. Le bouillonnant président de l’Adiac (Association pour la diffusion internationale de l’art contemporain), fondée au Portugal en avril sur le modèle français de l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français), entend d’ailleurs la défendre et aider à sa promotion avec la publication régulière de catalogues. Il compte aussi mettre en place des résidences mêlant artistes portugais et étrangers, dont les productions seront exposées lors des éditions futures d’Arte Lisboa.
Le contexte lisbonnais apparaît d’autant plus porteur que de nombreuses institutions culturelles de qualité jalonnent désormais la ville : l’immense collection d’art moderne de la Fondation Gulbenkian, qui ne délaisse pourtant pas la jeune création, le Musée d’art contemporain du Chiado et le Centro Cultural de Belém, qui présente, jusqu’au 15 janvier 2006, une remarquable exposition de Sabine Hornig.
Cela au moment où le doute subsiste quant à la destination finale de la considérable collection du milliardaire José Berardo, apparemment encore indécis. Selon nos informations, des discussions sont toujours en cours avec plusieurs localités françaises susceptibles de pouvoir l’accueillir, dont les communes de Toulouse et de Boulogne-Billancourt. La Ville de Lisbonne espère de son côté retenir cet ensemble. Elle serait prête, à cet effet, à acquérir le pavillon portugais de l’Exposition universelle de 1998, que la Sociedad Parc Expo lui céderait pour la somme de 25 millions d’euros. La municipalité aurait aujourd’hui réuni 20 millions et tenterait activement de réunir les fonds manquants. De tous côtés les enchères montent.
Arte Lisboa 2005 s’est tenue du 24 au 28 novembre, www.fil-artelisboa.com
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Arte Lisboa, énergique et différente
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°228 du 6 janvier 2006, avec le titre suivant : Arte Lisboa, énergique et différente