Nettement plus internationale cette année, ArtBrussels, dont la seizième édition s’est tenue du 24 au 28 avril, semble avoir renoué avec le succès. À 1h20 de Paris grâce au TGV, Bruxelles a attiré une quinzaine de galeristes français et tiré profit d’une position centrale sur le marché de l’art. Près de quinze mille personnes ont fréquenté une foire où la photographie et la vidéo était très présentes, et qui aura désormais lieu tous les ans.
BRUXELLES - Naguère minée par la crise économique, à l’instar de l’ensemble du marché de l’art, par un rythme biennal et un côté trop belgo-belge, la foire d’art contemporain installée sur le plateau du Heysel reprend son essor sous l’impulsion d’Albert Baronian et d’un comité de sélection très clairvoyant. ArtBrussels étant désormais organisée techniquement par une société spécialisée, “KI Expo”, le comité a pu concentrer tous ses efforts à la sélection des galeries et à l’accueil à réserver aux collectionneurs étrangers. Les 200 élus ont eu droit à une visite de l’Hôtel de Ville, du Palais Stoclet et du Musée Van Buuren. Parmi les 90 exposants, quarante étaient belges, une quinzaine français, les autres allemands, luxembourgeois, hollandais, autrichiens, suisses et anglais.
Pour la galeriste Denise René, “le retour à Bruxelles était justifié par la vitalité du marché local”. “J’ai retrouvé ce que je vivais au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles dans les années cinquante-soixante. Les contacts ont été excellents, tout comme l’ambiance. Nous comptons sur des retombées à Paris.” Henry Bussière constatait avec un enthousiasme à la mesure de ses ventes – des œuvres de Solves et de Music – que “si les supports photo et vidéo ont été de plus en plus présents, il n’est pas certain qu’ils se soient bien vendus.” Il a constaté “le net retour en force d’une demande vers une tendance contemporaine classique, animée par des artistes qui régénèrent l’art en se référant à des sources claires, sans jouer la provocation”.
C’est aussi l’avis de Fred Lanzenberg, Parisien installé depuis trente ans à Bruxelles, pour qui “les Belges sont les meilleurs collectionneurs d’Europe, animés d’une clairvoyance que les Français ne possèdent pas. Dans les années soixante, ils achetaient à Paris, à Milan ou à New York, des œuvres très importantes, devenues des classiques”. En exposant Takayoshi Sakabe, il a joué le jeu de la sécurité commerciale – plus de dix œuvres ont été vendues – et de la référence, “en évitant le conformisme contemporain qui ennuie tout le monde.”
L’optimisme est de mise
Chez Liliane et Michel Durand-Dessert, grands habitués de la réunion bruxelloise et qui ont vendu six pièces, l’optimisme est de mise : “Cette foire est en pleine mutation et évolue vers une internationalisation salutaire. L’organisation devient efficace et comparable aux grandes manifestations étrangères. Mais si la fréquentation a nettement augmenté, le nombre de collectionneurs est resté stable.” Pour Marwan Hoss, établi tout récemment boulevard Barthélemy à Bruxelles, dans un quartier animé par Albert Baronian et suivi par une vingtaine de galeries belges et étrangères, “ArtBrussels est peut-être la plus petite foire d’art contemporain, quoique la plus ancienne, mais c’est l’une des plus dynamiques.” Si ArtBrussels n’affiche pas les prétentions de Bâle ou de la Fiac, son esprit intime lui a confère un “plus” qui a enchanté les participants étrangers.
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ArtBrussels, nouvel essor
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : ArtBrussels, nouvel essor