Lors des ventes parisiennes de juin, les œuvres importantes, de belle provenance et de qualité, ont remporté tous les suffrages tandis que toutes les autres ont déçu.
PARIS - Le coup d’envoi de la saison pour les ventes d’art tribal était donné par la maison Tajan le 11 juin, avec l’adjudication d’un masque de danse Gouro (Côte d’Ivoire) pour 1,4 million d’euros (estimation 100 000-150 000 euros). Exécuté dans le style du « maître de Bouaflé », ce masque a appartenu à André Breton puis Charles Ratton avant de disparaître du marché. Ce résultat démontre une fois encore que pedigree, qualité et fraîcheur sur le marché sont les clés du succès.
Artcurial, avec sa vente inaugurale le 17 juin, s’est heurtée à ce marché ultra-sélectif, n’obtenant que 224 120 euros, soit un tiers de son estimation. Seules les pièces de provenance prestigieuse ont trouvé preneur, à l’instar d’une statue Fang (Gabon), de l’ancienne collection Guillaume Apollinaire, adjugée 31 200 euros (est. 25 000 à 30 000 euros), et d’une trompe Mendé (Sierra Leone), documentée par Jacques Kerchache, vendue 26 000 euros (est. 20 000 à 30 000 euros).
Le lendemain, Sotheby’s totalisait 6,3 millions d’euros, un chiffre dans la fourchette de son estimation (5 à 7 millions d’euros), grâce à la vente pour 4,4 millions d’euros d’une statue Fang Mabea, Cameroun, ayant appartenu à Félix Fénéon puis à Anne et Jacques Kerchache (est. 2,5 à 3,5 millions d’euros). C’est un record mondial pour une statue Fang et c’est aussi la troisième plus haute enchère pour une œuvre d’art africain, le record absolu étant détenu par un masque ngil, Fang (Gabon), parti à 5,9 millions d’euros en 2006 à Drouot (collection Vérité). C’est le marchand parisien Bernard Dulon qui s’est porté acquéreur, contre Hélène Leloup. « Entre New York et Paris, la saison est riche ! Il y a une abondance d’offres et, même si le marché est sélectif, il bouge, avec l’apparition d’une nouvelle génération de collectionneurs – ce qui n’empêche pas certaines déceptions », note Marguerite de Sabran, directrice du département d’art tribal. En effet, le reste de la vente est plus contrasté, entre l’adjudication à 397 500 euros, proche de son estimation basse (350 000 à 500 000 euros), d’une statue Bamiléké et d’un masque Yauré (Côte d’Ivoire), estimé 350 000 à 450 000 euros et resté invendu. C’est également le cas pour un masque-crochet de Papouasie - Nouvelle-Guinée (est. 150 000 à 200 000 euros), ainsi que pour une figure de reliquaire Fang, de même estimation, récemment passés en vente.
Un Dan de belle provenance
Christie’s fermait le bal, le 19 juin, avec une vacation en deux temps, récoltant en tout 5,9 millions d’euros, sans enchère millionnaire. La première partie était consacrée à la dispersion de la collection Rudolf et Leonore Blum, qui a remporté un vif succès, totalisant 3,6 millions d’euros (est. 1,9 à 2,9 millions d’euros) pour 63 lots, avec seulement sept invendus. Un appui-tête Luba Shankadi (Congo), par le « Maître de la coiffure en cascade » a été adjugé 661 500 euros (est. 200 000 à 300 000 euros), une maternité Sénoufo, Pombibele (Côte d’ivoire), de même estimation, s’est vendue 529 500 euros. Belle surprise pour un aquamanile figurant un léopard (Nigeria) qui s’est envolé à 505 500 euros sur une estimation de 50 000 à 70 000 euros. Pour les pièces de second ordre, beaucoup sont parties en dessous, voir très en dessous, de leur estimation basse. Le marché ne s’y trompe pas.
La seconde vente, plus difficile, est restée dans la tranche inférieure de son estimation basse, soit 2,3 millions d’euros. Sur les 112 lots présentés, seuls 63 ont été vendus ; les pièces phares, estimées autour de 200 000 à 300 000 euros, une statuette représentant un homme lézard (île de Pâques) et un berceau sioux, sont restées sur le carreau. La surprise, agréable, de la vente est allée à un masque Dan (Côte d’Ivoire), qui a plus que décuplé son estimation haute, s’envolant à 721 500 euros. La singularité de ce masque ? Il a appartenu au célèbre marchand Paul Guillaume.
Tous les résultats sont indiqués frais compris et les estimations hors frais.
ARTCURIAL, LE 17 JUIN
Estimation : 600 000 €
Résultat : 224 120 €
Nombre de lots vendus : 31 sur 181
Taux de vente : 38,3 %
SOTHEBY’S, LE 18 JUIN
Estimation : 5,1 à 7,1 M€
Résultat : 6,3 M€
Nombre de lots vendus : 53 sur 77
Taux de vente : 68,8 %
CHRISTIE’S, LE 19 JUIN
Estimation : 4,3 à 6,4 M€
Résultat : 5,9 M€
Nombre de lots vendus : 119 sur 175
Taux de vente : 68 %
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Art tribal - De bons résultats, sans excès
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : Art tribal - De bons résultats, sans excès