RHEINSTETTEN / ALLEMAGNE
La foire allemande qui s’est tenue du 4 au 7 mai a mis à l’honneur l’art au féminin, la transition écologique et son fondateur.
Pour sa 20e édition la foire Art Karlsruhe qui vient de fermer ses portes, est fidèle à la règle qu’elle s’était fixée lors de son lancement en 2004 et présente un panorama des productions artistiques des 120 dernières années à travers près de 1 500 artistes présentés par 207 galeries, dont 48 étrangères.
Pour l’occasion, carte blanche a été confiée au galeriste allemand Ewald Karl Schrade, le fondateur de la foire, qui assure pour la dernière fois son commissariat. L’édition 2023 d’Art Karlsruhe lui rend hommage en mettant en avant sa collection personnelle composée durant les cinquante dernières années. Installée dans un espace de 400 mètres carré, cette exposition témoigne de l’évolution des styles et des tendances sur un demi-siècle et montre à la fois des peintures et de grandes sculptures d’artistes désormais célèbres ainsi que d’autres plus jeunes, dont la carrière a été favorisée par Ewald Karl Schrade (Willi Siber, Christopher Lehmpfuhl…).
La foire, toujours aussi gigantesque, est divisée en quatre halls où sont exposées les œuvres par période allant de l’art d’après 1945 aux productions actuelles, en passant par l’art moderne et contemporain classique et les gravures et multiples de toute nature. Si la foire est vaste, on ne perd cependant pas de vue l’accent mis sur la durabilité, la féminité et la diversité. La transition écologique est présente dans le fonctionnement même de la foire avec l’utilisation de la moquette Rewind durable, un système d’éclairage entièrement converti à la technique LED et des navettes électriques.
Sur le salon, on retrouve des œuvres réalisées à partir de matériaux recyclés. Par exemple, l’artiste Rainer Jacob (galerie Yvonne Hohner Contemporary) transforme l’écorce morte de vieux arbres en sculptures, tandis que l’artiste Mechthild Ehmann (galerie ART-isotope) conçoit ses sculptures en verre massif à partir de déchets industriels issus de la fusion du verre. Dans le Hall 4, le stand de la galerie Brouwer Edition, expose les paysages porteurs de l’engagement écologique d’Andreas Scholz qui rend hommage aux activistes qu’il a suivis dans la forêt d’Altdorf.
L’art au féminin est abordé par la galerie de Potsdam qui présente le programme « Femmes qui peignent – Femmes peintes », contribuant à l’objectif de durabilité de l’ONU en matière d’égalité des sexes. L’accent est mis sur les œuvres de Lotte Laserstein à travers toutes ses phases de création. On retrouve ses dessins à la craie, travaillés dans le style des maîtres anciens, démontrant le savoir-faire de l’artiste.
Dans le Hall 3 trône une impressionnante sculpture d’une hauteur de cinq mètres intitulée The Cage et réalisée par l’artiste Fahar Al-Salih (galerie Yvonne Hohner Contemporary). Fabriquée à partir de six cents cages à oiseaux, l’installation de l’artiste irakien entend attirer l’attention sur le thème de l’identité géographique et ainsi jeter un pont entre les différentes cultures. L’œuvre offre l’occasion d’un échange participatif : les visiteurs émigrés ou issus de parents émigrés sont invités à ouvrir l’une des portes des cages en mémoire de leur histoire. On retrouve également les sculptures monumentales de David Cerny dont les créations politico-satiriques fascinent autant qu’elles troublent. Exposées dans le Hall 3, ses œuvres constituent une forme de mémorial de l’immigration.
La diversité des styles est combinée à un large éventail de prix, ce qui permet à la foire de toucher autant les collectionneurs de longue date que les collectionneurs débutants. Grâce à ses partenariats avec de grands musées et diverses institutions de la région, Art Karlsruhe a désormais sa place dans le paysage culturel de la ville. D’autant que l’art est également présent à l’extérieur, où sont exposées des œuvres tridimensionnelles dans l’atrium du Parc des expositions.