KARLSRUHE / ALLEMAGNE
La foire allemande privilégie des créations contemporaines et accessibles destinées à un public jeune et amateur.
Pour sa 21e édition, la foire allemande Art Karlsruhe est revenue à ses dates habituelles. Du 22 au 25 février, 177 galeries se réunissent pour présenter une large sélection d’œuvres modernes et contemporaines, qui fait la part belle à la peinture figurative et à la sculpture. Alors que la foire était dirigée par son fondateur Ewald Karl Schrade depuis sa création en 2004, le commissariat de cette édition est assuré par l’historienne de l’art Olga Blaß, qui travaille pour le salon depuis plusieurs années, et le galeriste Kristian Jarmuschek. Tout en conservant la ligne directrice de la foire, la nouvelle équipe a opéré plusieurs changements pour en améliorer l’organisation et la rendre encore plus accessible, en ciblant un public de jeunes amateurs.
Comme à l’accoutumée, la foire s’adresse principalement à des collectionneurs privés de tout le bassin rhénan, la ville de Karlsruhe étant située au carrefour entre Munich, Francfort et Strasbourg. Assumant pleinement sa dimension locale, elle est composée à 75 % de galeristes allemands. Sur un total de 177 galeries, 46 d’entre elles proviennent de 14 pays étrangers, pour la plupart européens (France, Italie, Autriche, Grèce, Espagne, Belgique…).
La galerie parisienne GNG compte parmi les quelques enseignes françaises qui ont fait le déplacement. Cette fidèle de longue date revient régulièrement depuis la création du salon, car son directeur Gilles Naudin en apprécie particulièrement l’organisation. Il promeut cette année cinq artistes contemporains de diverses nationalités dont la québécoise Lyzane Potvin, qui place son propre corps au centre de ses œuvres sur toile ou carton.
Autre galerie française, présente cette fois-ci pour la première fois : la Galerie Eric Mouchet, basée à Paris. Une participation à Karlsruhe particulièrement justifiée pour cette galerie qui est très proche de la scène artistique allemande. Eric Mouchet expose des dessins, tableaux et photographies d’Ella Bergmann et de Robert Michel, un couple d’artistes allemands du XXe siècle dont il a l’exclusivité. « On peut ainsi mettre à l’honneur ces deux artistes méconnus et oubliés en France comme en Allemagne » explique-t-il.
26 nouvelles galeries exposantes ont intégré la foire, malgré la décision de réduire le nombre total des participants (210 galeries en 2023). Les espaces sont ainsi moins encombrés, plus lisibles, leur structuration étant elle-même plus aérée. 21 « spots » ont été aménagés autour de l’atrium pour accueillir des sculptures, ce qui rend la circulation dans les salles plus aisée.
Les galeries se répartissent comme à l’accoutumée dans quatre halls, qui couvrent une surface de 16 000 m². Leur disposition a en revanche changé : le hall 1 – qui regroupait auparavant une offre très large de photographies, gravures, multiples et dessins – est désormais consacré à l’art d’avant 1945, qui a été mis en résonance avec des créations contemporaines assez classiques et colorées, plus susceptibles de plaire au grand public. Pour la galerie bâloise Henze & Ketterer, spécialisée dans l’expressionnisme abstrait allemand de l’époque moderne, ce changement est très avantageux. Alexandra Henze en convient, c’est même la principale raison pour laquelle sa galerie est de retour à la foire : « Nous avons fait une pause de quelques années car l’art moderne était relégué au hall 3. Désormais, nous sommes au niveau de l’entrée ce qui garantit une fréquentation plus importante. L’année semble être déjà bien plus prometteuse ». La galerie expose des peintures et dessins à l’aquarelle d’artistes de renom comme Ernst Ludwig Kirchner (pour des prix allant de 20 000 à 74 000 €) ou encore Bernard Schultze (15 000 – 150 000 €).
Des œuvres sur papier sont proposées à des prix plus accessibles (à partir de 200 €) au hall 3, dans le nouvel espace « Paper Square » qui rassemble 37 exposants. Olga Blaß est satisfaite de cette diversité de styles et de prix : « Notre intention est de nous adresser aussi bien aux collectionneurs confirmés qu’à un public jeune, auquel nous entendons présenter des œuvres à un prix abordable ». Décision certes assumée, mais qui accentue la qualité inégale des œuvres présentées.
Poursuivant dans la même veine, le hall 3 accueille désormais l’espace « Academy Square », consacré aux travaux des diplômés actuels des écoles d’art du Bade-Wurtemberg et autres institutions allemandes. Cette section a pour but de donner de la visibilité aux jeunes artistes, de favoriser leur entrée dans le marché de l’art tout en créant une connexion avec un public lui-même plus jeune. À l’inverse, le nouveau format « re : discover », subventionné par l’État, met l’accent sur les artistes plus âgés qui n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritent à l’instar de Dieter Jung, spécialiste de l’holographie.
Pour motiver les jeunes galeries à participer à la foire, un statut de « Newcomer » a été mis en place et propose, à celles qui n’ont pas plus de 3 ans, de réserver un stand de 25 m² au lieu de 50 m² à prix réduit (le prix initial au m² étant de 225 €). La Tempesta Galery, créée à Milan en 2020, a pu profiter de cette aide pour exposer des œuvres d’artistes comme Carlo Cossignani ou Diana Orving. « C’est une superbe opportunité puisqu’on cherche à s’implanter dans le marché international, et notamment en Allemagne. Cette expérience nous permettra surtout de se faire de nouveaux contacts » souligne Elisa Bonzano, membre de la galerie.
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Art Karlsruhe cible un large public
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