Cette manifestation se targue d’être l’une des foires présentant les œuvres les plus contemporaines d’Europe, ce qui lui a permis de trouver sa place face à ses concurrentes les plus directes : Art Basel et Art Cologne. Cette quinzième édition témoigne néanmoins d’un nombre moins important de galeries que précédemment, 150 contre 190 en 2002, et d’une concentration plus nationale que l’on imputera au contexte économique. Toutefois, la sélection met toujours en avant de très jeunes galeries exposant elles-mêmes des artistes tout aussi juvéniles, pour certains à peine sortis des écoles d’art. On y fait ainsi de véritables découvertes, facteur qui peut déjà mettre en appétit le visiteur habitué à la recrudescence de foires et salons.
Parmi ces nouveautés, le travail de Deborah Sengl, chez Karin Sachs (Munich), étudie les rapports victime/agresseur transposés dans le royaume animal afin de montrer comment le prédateur prend l’apparence de sa proie pour mieux la duper (à partir de 1 400 !). Ces stratégies de tromperie et de prise de pouvoir trouvent particulièrement leur application, selon l’artiste, dans le domaine de la politique et de la publicité. Knut Eckstein diffuse quant à lui des messages à l’aide de lettrines fluorescentes, pas nécessairement de façon très subtile mais du moins sans ambages, tel ce Racism Sucks, à voir chez U.B.R. (Salzbourg, de 2 800 à 3 500 !). Hans-Christian Schink, chez Rothamel (Erfurt), s’intéresse depuis plusieurs années aux changements de l’environnement urbain de l’ancienne Allemagne de l’Est et révèle de façon presque clinique des no man’s lands, des murs de buildings industriels dans des tirages photographiques souvent de grand format, comme Wutha, 2002 (12 000 !). Toujours en photographie, la jeune Anglaise Sian Bonnell a choisi de placer, dans une série qu’elle intitule Où le domestique rencontre le sauvage, des objets du quotidien totalement hors contexte comme lorsqu’elle suspend une série d’éponges face à la campagne côtière du sud-ouest de l’Angleterre, où elle réside, autour de 1 000 £ chez Hirschl (Londres). C’est aussi une réappropriation de l’environnement que réalisera Richard Tisserand, dans une inspiration toute christoienne. MagicPack est conçu pour emballer un rocher au milieu des chutes du Rhin, à la manière d’un bloc d’eau maîtrisé, éclairé de l’intérieur par une lumière de couleur, entouré par les torrents et forces du fleuve.
Ce projet, divulgué par la galerie Vayhinger (Radolfzell), l’est de façon d’autant plus engagée que les mouvements verts s’y opposent bien que le financement soit déjà assuré et les ingénieurs trouvés, ceux-là mêmes qui ont assisté Christo pour le Reichstag de Berlin. La présentation dans les foires internationales vise à en accélérer la réalisation.
Le visiteur ne pourra pas non plus manquer cette immense sculpture de 2, 40 m de haut, signée Gloria Friedmann, Envoyé spécial, (37 000 !) représentant un cerf bramant sur un socle composé de vieux papiers, à la manière d’un vestige de nos forêts, où l’artiste confirme son souci récurrent pour l’écologie, chez Brigitte March (Stuttgart). Mettant également l’accent sur la domination technologique qui règne dans nos sociétés, Hans Schüle s’inspire de la science pour transformer des vues microscopiques de structures cellulaires ou moléculaires en sculptures. Œuvres qu’il se plaît à construire avec des petits boulons de métal assemblés, générant un fini industriel pour ce qui, à l’origine, ne peut être plus naturel, à voir chez Sphn (Berlin).
Côté peinture, la galerie Lahumière met en parallèle les artistes Otto Freundlich et Herbin avec les plus jeunes Jean-François Dubreuil et Renaud Jacquier-Stajnowicz, regrettant que l’abstraction géométrique soit autant délaissée par les institutions françaises, alors que les collectionneurs et conservateurs étrangers s’y intéressent bien davantage. On portera également attention aux huiles hyperréalistes de Pascal Danz, à la galerie Lutz & Thalmann (Zurich).
Enfin, l’on remarquera la présence de la seule galerie extra-européenne, Gravura Brasileira (Sao Paolo), venue défendre la gravure de son pays, avec notamment une édition sur plomb et feuille d’or de Claudio Mubarac (400 !). La venue de la galerie fut également influencée par le « Curator’s Choice » de cette année porté sur le Brésil, comprenant une présentation de la vision de Brasilia par quinze artistes locaux et la mise en avant du groupe Linha Imaginária, un collectif qui rassemble jusqu’à cinq cents artistes organisant débats et expositions !
FRANCFORT, Art Frankfurt, Messe Frankfurt, tél. 49 69 75 75 66 74, 27 avril-1er mai
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Art Frankfurt : la relève est assurée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : Art Frankfurt : la relève est assurée