La foire berlinoise confirme son saut qualitatif du 29 septembre au 3 octobre.
BERLIN - Pour ceux qui pensent que la foire londonienne Frieze Art Fair a inventé la poudre en se concentrant sur l’art le plus actuel, un détour par Art Forum serait salutaire. Créée il y a une décennie, la petite Berlinoise a connu une vie rythmée par les vicissitudes, entre déménagements à répétition et désertion de quelques grandes enseignes locales comme Max Hetzler. Il y a encore deux ans, beaucoup de galeries berlinoises lui avaient préféré Frieze. « Le problème, c’est qu’aujourd’hui, on prétend qu’il n’y a que trois grandes foires au monde, alors qu’il est important d’avoir une variété de foires locales, défend le galeriste Sönke Magnus Müller (Berlin). Londres n’a pas l’ambiance créative de Berlin, c’est fashion. »
L’an dernier, les galeries allemandes avaient réintégré Art Forum, sans forcément renoncer à Frieze. C’est qu’entre-temps, les organisateurs de la foire d’outre-Rhin avaient pris le taureau par les cornes en dégraissant le nombre d’exposants. Ils se sont aussi clairement positionnés sur l’art le plus prospectif. À cette identité affinée, s’ajoute l’aimantation de la capitale allemande, dont la réputation en termes d’artistes et de galeries en pointe n’est plus à faire. Ce pouvoir d’attraction a permis à la foire de s’enrichir de 33 nouveaux exposants parmi lesquels Haunch of Venison (Londres). Elle a aussi conduit la galerie Peres Projects (Los Angeles) à ouvrir le 29 septembre une vitrine à Berlin. « Je voulais avoir une antenne en Europe et, quand j’ai dû choisir entre Londres et Berlin, le choix s’est naturellement porté sur Berlin, indique Javier Peres. Je ne serais pas surpris que d’autres galeries me suivent parce que c’est une sage décision en termes de business. La qualité de vie y est grande, on a facilement accès au reste de l’Europe et toute personne un tant soit peu intéressée par l’art contemporain peut y aller rapidement et pour de faibles coûts. » Parallèlement à l’inauguration de sa nouvelle galerie, Javier Peres participera à Art Forum avec des œuvres récentes d’Amie Dicke (6 000-15 000 euros).
Deux Français
Au bréviaire élogieux, on objectera toutefois le faible socle de collectionneurs berlinois. « Y a-t-il tellement plus de collectionneurs locaux à Bâle ? rétorque le galeriste Mehdi Chouakri (Berlin). L’essentiel est de faire venir des gens de l’étranger. » Là encore, les organisateurs ont fait amende honorable en invitant l’an dernier de gros collectionneurs américains comme les Horst et les Rubell. Le galeriste Frank Elbaz (Paris) en a d’ailleurs profité pour vendre une grande plaque de Laurent Pariente (15 000 euros) à la milliardaire canadienne Louise McBain. Le volume des transactions sur Art Forum reste toutefois proportionnel à la jeunesse des artistes exposés. Les perspectives de jackpots y sont du coup moindres que dans d’autres foires. « Jusqu’à 10 000 euros, il y a un grand nombre d’acheteurs potentiels. À partir de 50 000 euros, ça devient plus difficile », convient Mehdi Chouakri. Celui-ci présente pour l’occasion quatre artistes, dont Gerwald Rockenschaub et Gitte Schäfer, dans une gamme de prix allant de 500 à 50 000 euros.
Bien qu’Art Forum ait repris du poil de la bête, la participation hexagonale reste limitée aux Parisiens Franck Elbaz et Jocelyn Wolff. « Il y a très peu de Français car la foire n’est pas subventionnée par l’Association française d’action artistique (Afaa) qui donne une aide aux exposants d’Art Cologne, rappelle Jocelyn Wolff. Berlin est pourtant une ville clé sur le plan curatorial et critique. » La proximité de calendrier avec la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) (lire p. 15 à 19) freine aussi les velléités. Cultivant son axe franco-allemand, Jocelyn Wolff a opté pour « trois petits “statements” » avec Clemens Von Wedemeyer, primé par le prix allemand Gasag, le couple Prinz/Gholam, déjà introduit dans la collection berlinoise Hoffmann, et le Français Guillaume Leblon. De son côté, Frank Elbaz propose la maquette d’un projet du Hongrois Antal Lakner. Intitulée Bundesberg, cette œuvre à consonance écologique se compose d’une montagne de déchets issus de Berlin. Une facette moins flatteuse de la mégapole européenne !
29 septembre-3 octobre, halls 17-20, Messegelände, Messedamm 22, Berlin, tél. 49 30 30 69 69 69, tlj 12h-20h, www.art-forum-berlin.de
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Art Forum Berlin fête ses 10 ans
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°221 du 23 septembre 2005, avec le titre suivant : Art Forum Berlin fête ses 10 ans