Art Cologne : l’heure de vérité

Année cruciale pour la foire de Cologne

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1996 - 449 mots

Le trentième anniversaire d’Art Cologne ne donnera pas lieu à une véritable célébration. Une série de maladresses a privé cette foire annuelle d’art moderne et contemporain de ses principaux exposants, partis créer European Art Forum Berlin (lire notre précédent numéro), et la crédibilité d’Art Cologne en tant qu’événement artistique majeur du marché de l’art international est remise en question.

COLOGNE. À moins d’un sursaut rapide, l’avenir d’Art Cologne semble compromis. Il est peut-être même déjà trop tard pour redorer l’image de la foire, ternie par l’intransigeance de son organisateur, Gerhard Reinz, président de la Bundesverband Deut­scher Ga­lerien (BVDG). Étalée sur 11 jours et rassemblant près de 350 galeries en 1995, la foire avait mis à rude épreuve la résistance de ses participants et de ses visiteurs. De plus, sa tenue coïncidait avec les ventes aux enchères d’art contemporain à New York, entraînant une participation américaine négligeable et l’absence des plus importants collectionneurs des États-Unis.

Tous ces problèmes ont conduit à la rédaction d’une lettre signée par soixante-dix marchands allemands et internationaux, remise à Gerhard Reinz à la fin de la foire. Mais cette requête pour une foire plus resserrée, des expertises plus rigoureuses et un changement de calendrier n’a pas été prise en compte. Gerhard Reinz a manifestement sous-estimé la volonté de ses détracteurs, qui ont décidé de ne plus participer à Art Cologne et de créer European Art Forum Berlin, foire concurrente qui se déroule du 31 octobre au 4 novembre. Ces défections et la création d’un événement parallèle à Berlin ont d’ores et déjà profondément altéré l’image d’Art Cologne, dont la nouvelle édition se tiendra de 10 au 17 novembre.

Regagner la confiance
Avec 279 exposants, la foire est toujours un événement, même si de grands galeristes internationaux lui font aujourd’hui défaut. Des marchands qui n’ont pas fait sécession pour rejoindre European Art Forum Berlin, tel Leslie Wad­dington, ont décidé de pas y participer cette année en attendant le verdict de leurs confrères. Les galeries britanniques, qui ont joué un rôle de premier plan dans le succès des éditions récentes de la foire, ne sont plus que quatre : Flowers East, Laure Genillard, Paton et Todd. La représentation de la Belgique, de la France, de l’Italie, des Pays-Bas et d’autres pays de la section internationale n’est guère plus encourageante.

L’avenir d’Art Cologne passe donc aujourd’hui par ses exposants allemands. Si Achenbach, Gmur­zynska, Karsten Greve et quelques autres réalisent un bon chiffre d’affaires, la foire pourrait regagner la confiance des mécontents ou attirer d’autres participants étrangers à leur place. Mais si ses résultats sont décevants, pendant que la foire de Berlin tient au contraire ses promesses, Art Cologne aura cessé d’être un forum majeur du marché international de l’art.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : Art Cologne : l’heure de vérité

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