Pari réussi pour la foire bruxelloise qui ambitionne d’être un lieu de découverte. Avec 92 % d’artistes vivants exposés, cette 37e édition confirmait son niveau qualitatif. Les pratiques liées à l’artisanat étaient très présentes dans les allées.
Bruxelles. Art Brussels, qui se tenait du 25 au 28 avril, a confirmé son identité de « défricheuse », selon le terme régulièrement employé par sa directrice, Anne Vierstraete. Alors que la dernière édition de la Fiac (Foire internationale d’art contemporain) à Paris comportait des toiles de maîtres modernes (Miró, Raoul Dufy, Josef Albers ou Picasso) en grand nombre, et qu’Art Cologne, organisée à deux semaines d’intervalle de la manifestation belge, offrait une section dévolue à l’art moderne, c’est forte d’une fibre contemporaine qu’Art Brussels a su se positionner sur l’échiquier chargé des foires d’art européennes. Précisément en proposant des œuvres d’artistes vivants (92 %, un chiffre stable depuis plusieurs éditions selon les organisateurs), dont un tiers âgé de moins de 40 ans.
Dans l’ancien site industriel, Tour & Taxis, où se déroule depuis 2016 la foire d’art contemporain, Art Brussels réunissait 148 galeries. Cette édition jouait d’un savant mélange d’artistes confirmés et de plus jeunes talents. Ainsi pouvait-on voir, au côté de Bill Viola, dont une vidéo était projetée par Blain|Southern (Londres) ; du Belge Wim Delvoye chez Rodolphe Janssen (Bruxelles) et du peintre de la Trans-avant-garde italienne Sandro Chia (de petites aquarelles de 2018 présentées par Marc Straus [New York]), une nouvelle génération d’artistes, parfois même pas trentenaires, comme Maika Garnica, et ses instruments de musique exposés par Marion de Cannière (Anvers) ou Jannis Schroeder et ses monochromes (Meessen De Clercq, Bruxelles).
Arpenter les spacieuses allées d’Art Brussels permet de se rendre compte des tendances du marché. Si la peinture règne en maître, les savoir-faire artisanaux sont incontestablement au cœur des pratiques. En particulier ressortait une appétence des artistes pour le textile et l’argile. À l’entrée de la section « Discovery », dévolue aux jeunes plasticiens et aux créations les plus récentes (produites entre 2016 et 2019), la galerie Spazio Nobile (Bruxelles) montrait ainsi les grandes tapisseries de Kustaa Saksi et les céramiques poétiques de Bela Silva [voir ill.]. Un mélange que l’on retrouvait à quelques pas, sur les cimaises de Steve Turner (Los Angeles), où étaient accrochés les tapis colorés empreints de l’univers du dessin animé d’Hannah Epstein et les délicates sculptures murales d’argile de Kevin McNamee-Tweed. La section générale (« Prime ») présentait aussi son lot d’œuvres issues ou inspirées de ces techniques artisanales. Particulièrement bien située, au seuil de la foire, la Galerie Lelong & Co. (Paris) proposait une grande tapisserie de l’Américano-Libanaise Etel Adnan. La galerie Michel Rein (Bruxelles), coutumière de ce rendez-vous printanier, évoquait la mémoire et le temps qui passe avec une installation murale de fils tissés par l’Italien Michele Ciacciofera. Non loin, la galerie Sage (Paris) consacrait son stand aux drôles de masques inspirés de la Torah, un travail de crochet et de broderie signé Stephan Goldrajch. S’ajoutaient d’autres savoir-faire. À l’instar de la verrerie, utilisée notamment par Thomas Schütte (Bernier/Eliades, Athènes).
Acheter les artistes de la Biennale de Venise
Visite thématique. Par anticipation sur la Biennale de Venise (du 11 mai au 24 novembre), une dizaine d’artistes participant à la manifestation étaient mis en exergue à Art Brussels. La foire belge a profité de l’occasion pour proposer des visites guidées sur ce thème – mais si la plus prestigieuse des expositions internationales d’art contemporain est à but non lucratif, tel n’était pas le cas à Art Brussels. Parmi les offres les plus intéressantes, la galerie Tyburn (Londres) présentait une exposition personnelle de Kudzanai-Violet Hwami, des toiles grand format inspirées du courant afro-futuriste. Cette dernière représente le Zimbabwe qui participe pour la cinquième fois à la Biennale. Un peu plus loin, les objets imaginaires créés par ordinateur de Tamás Waliczky (pavillon hongrois) étaient visibles sur le stand de la galerie Molnár Ani (Budapest). Située à un point central, la Galerie Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) proposait deux tapisseries de Laure Prouvost, qui représente cette année la France. Point d’orgue du parcours, l’exposition « Irmgard Speck », du duo Harald Thys et Jos de Gruyter, locataire du pavillon belge, glaçait le sang. Déployées sur des pans de mur blanc dans le Stibbe Lounge, leurs sculptures déconcertantes, réalisées à l’aide d’une imprimante 3D, portraituraient des meurtriers, des dictateurs ou des personnages fantastiques.
Alexia Lanta Maestrati
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Art Brussels tient ses promesses
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°523 du 10 mai 2019, avec le titre suivant : Art Brussels tient ses promesses