BRUXELLES / BELGIQUE
Voulant justifier sa réputation de foire de découverte, la 37e édition de l’événement belge a invité 148 galeries exposant des talents plutôt récents.
Bruxelles. Forte d’un public belge doté « d’une certaine audace au niveau de ses achats, d’un goût du risque et enclin à l’achat d’œuvres assez tôt dans la carrière d’un artiste », comme l’explique Anne Vierstraete, directrice d’Art Brussels, la foire d’art contemporain bruxelloise veut se positionner, non sans un certain succès, comme une foire d’avant-garde – tout du moins comme une foire de découverte. Une recherche de positionnement d’autant plus nécessaire que la manifestation bruxelloise prend place dans un calendrier printanier chargé : entre Art Cologne et Art Paris, plus conventionnelles, le Gallery Weekend Berlin, à la réputation établie, et bien sûr la reine des foires, Art Basel.
Art Brussels accueille pour cette 37e édition un nombre stable de 148 galeries, du 25 au 28 avril, dans l’ancien site industriel de Tour & Taxis. Parmi les locomotives présentes figurent des galeries internationales installées en Wallonie comme Almine Rech, Gladstone ou Templon. Les grandes enseignes que sont White Cube, Gagosian et Pace, ou les parisiens Kamel Mennour, Perrotin ou Thaddaeus Ropac, pourtant voisins, n’ont pas fait le déplacement.
Le contingent français est cependant relativement important, derrière le contingent belge (40), avec une vingtaine de galeries présentant majoritairement leurs artistes les plus jeunes. Ainsi, Ceysson & Bénétière (Paris, Saint-Étienne, Luxembourg), qui mise généralement sur les artistes historiques de Supports/Surfaces, met ici l’accent sur des talents plus récents tels Mounir Fatmi, Daniel Firman ou Sadie Laska. Même approche par Daniel Templon qui ne vient pas avec les travaux d’Anthony Caro ou de Georges Mathieu, mais avec les peintures de corps féminins à cararactère biblique de l’une des benjamines de ses artistes, Oda Jaune, laquelle bénéficie ici d’une exposition personnelle.
Templon n’est pas le seul à mettre en avant un artiste en particulier. La manifestation, comme nombre de ses consœurs, encourage les expositions personnelles. C’est l’occasion d’apprécier (ou non) les tapisseries très kitsch et hantées de personnages violents présentées par le jeune Français Lucien Murat chez Suzanne Tarasieve (Paris) ou les installations inquiétantes constituées d’objets fabriqués en série de Kayode Ojo (né en 1990) à la galerie Martos (New York).
Pour les collectionneurs les plus aventureux, la section « Discovery » est le point d’orgue du parcours. Réunissant 38 jeunes galeries, elle met en exergue les productions d’artistes émergents, à l’exemple des pastels à l’huile colorés d’Alexandre Benjamin Navet (Galerie Derouillon, Paris) ou des toiles engagées de Tajh Rust (Stems Gallery, Bruxelles). Cette dernière est complétée par une nouvelle sous-section intitulée « Invited ». « À la suite du bilan de l’an passé, nous pensions que nous rations les développements récents sur le marché de l’art contemporain car nos critères de sélection sont assez stricts. Nous souhaitons nous ouvrir aux dernières tendances sans dénaturer la foire », souligne la directrice de Stems. On trouve donc dans ce secteur une jeune génération de galeries parmi lesquelles High Art (Paris), venue présenter un dialogue entre les peintures et sculptures récentes de Bradley Kronz et Alan Michael, ou Freedman Fitzpatrick (Paris, Los Angeles) avec une sélection de ses artistes : Matthew Lutz-Kinoy, Alexandra Noel, Nicolas Roggy). À leurs côtés, des participants moins attendus tels que la galerie nomade Ballon Rouge Collective, récemment installée à Bruxelles, ou La Maison de rendez-vous, constitué en collectif de galeries (LambdaLambdaLambda [Pristina, Kosovo], Lulu [Mexico], Misako & Rosen [Tokyo] et Park View/Paul Soto [Los Angeles]).
L’envie de faire partager d’autres découvertes caractérise également le secteur « Rediscovery », créé en 2016 et renforcé cette année. Comme son nom l’indique, sont présentés ici des artistes aux productions antérieures aux années 2000, et bien souvent oubliés du marché. Le panorama y est large, allant des travaux des années 1980 de l’Argentin Carlos Kusnir à la galerie Éric Dupont (Paris) aux peintures minimalistes, très colorées, produites entre 1960 et 1980 par l’Allemand Georg Karl Pfahler et visibles sur le stand de la QG Gallery (Bruxelles), en passant par les travaux poétiques du Soudanais Ibrahim el-Salahi (Vigo, Londres).
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Art Brussels renforce son identité de défricheuse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°521 du 12 avril 2019, avec le titre suivant : Art Brussels renforce son identité de défricheuse