Pour de nombreux galeristes présents,
la 33e édition de la Foire de Bâle, qui s’est clôturée le 17 juin dernier, a été
un succès. Consacrée à l’art moderne et contemporain, la manifestation a visiblement bénéficié cette année du voisinage de la Documenta pour attirer de nombreux collectionneurs.
BÂLE - 50 000 visiteurs, un catalogue épuisé et, selon les organisateurs, “un accroissement du nombre d’atterrissages et de décollages de jets privés” sur l’aéroport de Bâle-Mulhouse : la 33e édition de la Foire de Bâle a visiblement tenu toutes ses promesses ! Plus sérieusement, il est impossible de ne pas revenir sur les quelques chefs-d’œuvre modernes qui ponctuaient le premier niveau de la foire. Chez Wittrock (Düsseldorf), une aquarelle de Nolde datée de 1910 était proposée pour 96 000 euros et un collage de Kurt Schwitters de 1921 pour 110 000 euros. Toujours sur le même stand, on pouvait admirer deux huiles de Max Beckmann dont une avait visiblement trouvé preneur dès le premier jour. La galerie berlinoise Brusberg proposait, elle, un Magritte de 1928 au prix de 290 000 dollars. Deux semaines après les ventes records de New York et l’enchère de 6,71 millions de dollars atteinte par un Francis Bacon (lire le JdA n° 151, l4 juin 2002), la galerie Marlborough se payait, elle, le luxe d’un accrochage consacré au peintre irlandais. Les gloires plus récentes étaient également présentes, à l’image de Wolgang Tillmans, qui, chez Daniel Buchholz (Cologne), projetait une de ses dernières pièces. Lights Video est un efficace court-métrage rythmé et glacial accroché aux lumières d’une boîte de nuit. Quelque 14 000 dollars étaient toutefois demandés pour pouvoir rejouer la fièvre du samedi soir à la maison.
Pour toutes ces œuvres, les regards attentionnés ne manquaient pas. Les collectionneurs étaient au rendez-vous et le moral des galeristes au beau fixe. “Bâle attire encore la terre entière, c’était une excellente foire qui a confirmé le redressement entamé il y a deux ans”, estime Daniel Templon. Le galeriste parisien a vendu des pièces de Jan Fabre, Daniel Buren ou encore de François Rouan. Enfin, si le prix des œuvres acquises ne dépassait pas les 100 000 dollars, il note que le “cœur y était et l’envie d’acheter est considérable”. Encore dans l’attente de quelques confirmations, Matthias Arndt de la galerie Arndt & Partner pense avoir réalisé 20 % de ventes supplémentaires par rapport à l’année passée. Parmi celles-ci, des valeurs sûres, comme les tirages de Massimo Vitali – dont un polyptyque photographique en quatre parties était proposé à 36 000 euros –, et aussi des confirmations pour les nouveaux venus dans la galerie, à l’image des onze œuvres du jeune Yannick Demmerle qui ont toutes trouvé preneur. Quant à la Maison commune de Thomas Hirschhorn, qui occupait une place considérable sur le stand du Berlinois, elle a séduit le collectionneur Martin Z. Margulies, rejoignant ainsi un ensemble considérable à Miami. Même destination pour L’Hospice de Gilles Barbier, présenté par la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, au prix affiché de 70 000 euros. Cynique et spectaculaire, l’installation, plantait des superhéros vieillis au beau milieu du secteur “Art Unlimited”.
Un calendrier idéal
Les Américains étaient nombreux dans les allées de la foire. “Cela a sûrement un rapport avec la Documenta”, constatait Matthias Arndt qui notait le calendrier idéal de la Foire de Bâle, dont l’ouverture suivait de quelques jours l’inauguration de la grande messe de Cassel. Même son de cloche pour Georges-Philippe Vallois qui parlait d’un “succès incroyable” pour les artistes de la galerie, tels que Joachim Mogarra et Alain Bublex. “Cela fait dix ans que nous montrons ces artistes et c’est la première fois que nous fonctionnons autant avec des collectionneurs étrangers”, s’est réjoui le galeriste qui s’attend à des retombées immédiates et importantes. Une bonne nouvelle pour nos artistes français ! Satisfait, le galeriste marseillais Roger Pailhas est en négociation – toujours américaine – pour la vente d’Atlantic, une triple projection réalisée en 1997 par Pierre Huyghe. Tout aussi important : le fait que les travaux des jeunes artistes présentées par la galerie avaient trouvé preneurs, tout en attirant l’attention de ses collègues. “Mon objectif est simple. Il faut que ces artistes soient représentés par moi, une galerie américaine et une galerie européenne afin de travailler à trois, et qu’ils puissent continuer à travailler dans leur ville, Marseille”, conclut-t-il.
La découverte de jeunes talents, la foire s’en est justement fait un argumentaire avec le secteur “Art Statements”. Sur le stand de Spencer Brownstone (New York), on a ainsi pu avoir confirmation du talent de Sven Pålhsson. Avec son projet virtuel Sprawlville (www.sprawlville.com), le Suédois résume dans ses lignes de fuite une vision silencieuse et décapante de la banlieue américaine. Invitée par la Team Gallery (New York), Carol Bove puisait, elle, dans les années 1960 et 1970 un répertoire iconographique où se croisaient sex, new-age et Charles Manson. Sur des étagères, ou au sol, la jeune femme condensait dans des collages et des arrangements de livres une partie de la contre-culture américaine. Un juste retour des choses pour cette artiste née en Suisse.
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Art Basel, une destination très prisée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°152 du 28 juin 2002, avec le titre suivant : Art Basel, une destination très prisée