Événement commercial et culturel, Arco, la foire espagnole d’art moderne et contemporain, a cette année accueilli 190 000 visiteurs, un record. D’un point de vue marchand, les artistes espagnols restent les favoris des Madrilènes, et l’absence de collectionneurs étrangers s’est fait ressentir, même si les valeurs sûres continuent à trouver preneurs.
MADRID - 2003 est l’année des records pour Arco, celui de la plus forte participation de galeries (275 au total) et celui du nombre de visiteurs (190 000). Comme chaque année, ce chiffre s’explique par la venue de nombreux groupes scolaires et d’étudiants à la foire et du caractère exceptionnel que la manifestation revêt pour la ville, dépassant amplement le simple domaine marchand pour devenir un événement culturel et public. L’ouverture a d’ailleurs eu lieu dans un climat contestataire évident, en opposition au soutien apporté par le gouvernement espagnol à la politique étrangère des États-Unis. Des autocollants portant la mention “Non à la guerre” étaient distribués, tandis qu’artistes et critiques se réunissaient dans les allées pour faire entendre leur voix. Tout cela a ajouté une touche d’urgence à ce qui aurait dû être une édition étonnamment “classique”, voire guindée, de la foire, tant la peinture et les arts graphiques tenaient la dragée haute aux installations et vidéos habituellement fréquentes. Les œuvres plus impressionnantes étaient sur les stands des marchands confirmés, tels Krugier, Beyeler et Bischofberger, les trois grands noms du pays invité cette année : la Suisse. Bischofberger consacrait la totalité de son stand aux œuvres récentes de Miquel Barceló, l’un des artistes espagnols les plus en vue. Deux de ses toiles ont trouvé preneur dès l’ouverture, même si, selon certains critiques, les tableaux n’étaient pas aussi convaincants que les œuvres fascinantes produites par l’artiste à la fin des années 1980. Des œuvres majeures de Picasso, dont un portrait de Dora Maar, daté de 1939, étaient accrochées sur le stand du Bâlois Beyeler. Son compatriote Krugier proposait un mobile de Calder, des Giacometti et des Miró. Mais le stand le plus élégant était indéniablement celui d’Elvira González. La Madrilène s’était concentrée sur les grands maîtres espagnols, tel Tàpies, et présentait un superbe groupe de bronzes de Julio González. Récemment décédé, Eduardo Chillida était, lui, l’objet d’une exposition monographique à la Galería Colon XVI de Bilbao. En phase, la galerie Lelong de Paris présentait quant à elle une sélection impressionnante d’œuvres de Tàpies et de Saura. Les artistes espagnols sont les favoris d’Arco. Dès le deuxième jour de la foire, Guillermo de Osma (Madrid), qui présentait une grande sélection d’œuvres surréalistes espagnoles, avait réalisé plusieurs ventes, tout comme Marwan Hoss (Paris), qui exposait des dessins et des sculptures de Julio González. Les œuvres de Carmen Calvo ou de Manolo Valdés proposées par Patrice Trigano (Paris) ont trouvé preneurs, ainsi qu’un Miró. “Arco est une foire que nous aimons beaucoup, elle s’améliore chaque année et est très soutenue, explique Patrice Trigano. Cette année, nous étions un peu craintifs, mais les choses se sont remarquablement déroulées.”
Selon une formule devenue habituelle, Arco proposait dans un deuxième pavillon une sélection contemporaine pointue. Sur ce versant, les galeries françaises étaient assez peu présentes, note Dominique Fiat de la Galerie Papillon-Fiat (Paris). Avec un stand qui offrait un large panel de ses artistes (Johan Creten, Vassili Tsekoura, Françoise Vergier ou encore Thierry Mouillé), l’enseigne parisienne a réussi sa foire. “Nous avons très bien travaillé, se félicite Dominique Fiat, malgré les inquiétudes de la guerre et un fléchissement du marché ressenti depuis novembre. Évidemment, les achats concernent des pièces de moins de 15 000 euros, les collectionneurs ne touchent pas à leurs placements”. Habitué de la foire madrilène, Brice Fauché de la galerie Sollertis (Toulouse) reste, lui, plus circonspect. “Même si la qualité augmente, la foire reste toujours difficile pour les étrangers, il n’est pas évident de vendre au public espagnol. Les étrangers étaient moins présents que les années passées, et les effets de la situation politique actuelle se ressentent. Sur le plan économique, cette édition n’a pas été pleinement satisfaisante. Mais d’un point de vue professionnel, elle a été très active. Il existe une dynamique espagnole et cela se voit.” Effet direct de cette effervescence, les nombreux contacts noués autour de l’œuvre de la Hollandaise Madeleine Berkhemer, jeune artiste mise en avant par le galeriste, contacts qui devraient déboucher sur des expositions en Espagne et en Allemagne.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Arco, une foire populaire
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°166 du 7 mars 2003, avec le titre suivant : Arco, une foire populaire