Quelle est la place de l’Internet dans le marché de l’art en 2005 ?
Internet connaît toujours une forte croissance, tant pour les biens culturels en ligne que pour la vente d’automobiles ; eBay représente plus de 95 % de ce marché en France. Pour 2005, il a été enregistré sur Internet près de 60 millions d’euros de transactions de biens culturels (avec un panier moyen à 45 euros) et 130 millions d’euros pour les voitures (en moyenne, 5 000 euros par véhicule). La philatélie, les montres anciennes et la numismatique comptent parmi les catégories d’objets en ligne les plus actives, avec les livres anciens, un marché qui a complètement basculé sur Internet.
Mais le phénomène le plus important cette année est sans doute la montée en puissance des vendeurs professionnels, c’est-à-dire de personnes qui font des ventes en ligne une activité régulière. On estime que 60 % des objets vendus (pour ce qui nous concerne, les biens culturels) proviennent de ces vendeurs. Concernant l’aspect géographique, nous pouvons dire que 20 % des internautes (acheteurs comme vendeurs) ne sont pas sur le territoire français. On compte de nombreux Belges et Allemands. Mais aussi des Chinois, qui mettent en vente des biens neufs, comme de la céramique, alors que les Belges sont plutôt des vendeurs de voitures. Et Paris ne pèse que pour 20 % du volume des ventes et des achats en ligne.
Qu’avez-vous vu ou acheté d’intéressant ces derniers temps sur Internet ?
J’ai récemment acheté sur eBay un piano à queue Pleyel pour 700 euros ! C’est un bel instrument, ancien mais en très bon état de marche. La transaction s’est parfaitement bien passée. En revanche, je vois beaucoup d’objets dont l’authenticité est douteuse.
Comment le Conseil des ventes volontaires (SVV) voit-il le développement des ventes en ligne ?
Notre rôle est de faire respecter la loi de 2000 sur le marché des ventes publiques en ligne et hors ligne. Le CVV ne défend aucune catégorie d’acteurs en particulier. Le développement des ventes en ligne est une très bonne chose, dès lors qu’il se fait avec les mêmes règles du jeu que les ventes traditionnelles, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. C’est pour cela que nous nous mobilisons autour de cette question des ventes en ligne, et que nous voulons faire partager cette prise de conscience aux différents acteurs et aux pouvoirs publics. Nous souhaitons proposer quelques évolutions de la loi 2000, qui n’avait pas anticipé les spécificités de l’Internet et des évolutions comme la professionnalisation des vendeurs. Quant à la plate-forme Internet à proprement parler, elle fonctionne comme un fournisseur d’accès. Elle ne pourra donc jamais porter les mêmes responsabilités qu’une société de ventes volontaires (SVV), car elle ne voit ni les objets, ni les vendeurs, ni les acheteurs. La protection de l’acheteur sur un site comme eBay se fait toujours par un système de notation réciproque acheteur-vendeur, système qui oblige que les deux parties soient satisfaites. En revanche, lorsqu’un vendeur se professionnalise, c’est à lui de prendre en charge un certain nombre d’obligations liées à son statut de vendeur professionnel. Enfin, je crois que certaines SVV envisagent d’utiliser la plate-forme de courtage aux enchères en ligne pour vendre sous leur marque, en apportant leurs garanties et leurs experts. Cette démarche irait dans le sens de la qualité et serait très favorable au développement des ventes en ligne.
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Antoine Beaussant, membre du Conseil des ventes volontaires, président du groupe de travail « Ventes par voie électronique »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°228 du 6 janvier 2006, avec le titre suivant : Antoine Beaussant, membre du Conseil des ventes volontaires, président du groupe de travail « Ventes par voie électronique »