Philippe Jousse rend hommage à cette figure importante de la céramique française des années 1950 et 1960 avec des pièces uniques à l’aspect fortement sculptural.
PARIS - Artiste protéiforme, André Borderie (1923-1998) était dessinateur, peintre, peintre-cartonnier, mais surtout céramiste. Philippe Jousse le découvre en 1985. En 1987, le galeriste organise une exposition sur Charlotte Perriand en y insérant quelques pièces de Borderie puis se ravise et choisit de les conserver.
L’exposition actuellement présentée à la galerie Jousse Entreprise réunit une trentaine d’œuvres, toutes réalisées dans l’atelier de Senlis (Oise), essentiellement en céramique (grès), « un nombre déjà important vu la relative petite production – il dessinait beaucoup – doublée d’une raréfaction des pièces », souligne le marchand. Lampes, vases boules ou galets, vide-poches, sculptures, verseuses, boîtes, une dizaine de dessins préparatoires et un focus sur les tables basses, sans oublier les « têtes à lumière », pièces emblématiques du créateur, composent la présentation. Les prix s’échelonnent entre 5 000 et 50 000 euros et un catalogue réalisé en collaboration avec l’historien de l’art Serge Lemoine est en préparation pour le premier semestre 2015.
Le céramiste pratique l’abstraction des formes, chère aux années 1950. « Ce que j’aime chez Borderie, c’est sa liberté de création, confie Philippe Jousse. Je suis passionné par le groupe Espace et par André Bloc, son fondateur. Ce mouvement, dont le but est de promouvoir la présence de l’art en milieu urbain, André Borderie y adhère en 1955. Son travail gagne alors en monumentalité. Quelle que soit la taille de l’objet, c’est sa forme qui compte. Seule l’échelle change, un projet de banc peut, à petite échelle, devenir une sculpture. »
Les pièces, quasiment monochromes, reçoivent parfois de simples points de couleur, tels des signaux : orange, rouge, jaune, bleu. « Pour Borderie, un point coloré suffit à une pièce tout comme il réalise de subtiles oppositions de mats et brillants », note le marchand.
Succès américains
Nombre d’œuvres de l’artiste se trouvent dans des collections privées new-yorkaises. « En 1997-1998, lors de salons new-yorkais, j’exposais parmi le mobilier de Charlotte Perriand des pièces de Borderie qui ont beaucoup interpellé les Américains », raconte Philippe Jousse.
André Borderie aimait tout particulièrement les jeux de lumière et la terre chamottée à l’aspect rugueux et minéral. Ses créations sont brutes, souvent investies de réseaux de fines craquelures. Il n’est pas un technicien de la céramique. Il travaille surtout la forme, libre et non conventionnelle. Et si ce n’est pas parfaitement rond, ce n’est pas un problème. Sa femme Maria disait, ce qui reflète bien sa démarche : « De toute évidence, le carré est un rond inquiet. » Mais si le défaut l’intéresse, il ne le provoque pas.
Nombre d’œuvres : environ 30
Prix : de 5 000 à 50 000 €
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
André Borderie, côté céramiste
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 6 décembre, Jousse Entreprise, 18, rue de Seine 75006 Paris, tél. 01 53 82 13 60, lundi 14h-19h, du mardi au samedi 11h-19h, www.jousse-entreprise.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°423 du 14 novembre 2014, avec le titre suivant : André Borderie, côté céramiste