Patrice Trigano participe à l’hommage actuel rendu à Lipchitz.
PARIS - Imperturbable, la Vénus à la girafe de Salvador Dalí trône dans le jardin situé derrière le numéro 4 bis de la rue des Beaux-Arts à Paris. À cette adresse, la galerie Patrice Trigano s’est fait une spécialité de la sculpture du XXe siècle, en présentant notamment les artistes français César, Arman ou Hiquily. Jacques Lipchitz (1891-1973) trouve sa place dans ce panthéon, comme le prouve la trentaine de bronzes et dessins actuellement exposée à la galerie.
Des prix raisonnables
« Je m’intéresse à Lipchitz parce qu’il était russe, qu’il était un grand sculpteur cubiste et que son travail de modelage extrêmement libre a influencé de nombreux artistes, et en particulier Alberto Giacometti », explique Patrice Trigano. Satisfait de sa participation au salon des antiquaires qui s’est tenu au Manège de Moscou au mois de septembre (lire le JdA no 220, 9 septembre 2005), le marchand semble déterminé à capter l’attention de la clientèle russe. Ce marché naissant est en quelque sorte à l’origine d’un nouveau cycle pour la galerie. Succédant à une période chinoise, puis espagnole, Patrice Trigano se met donc à l’heure slave. Après avoir été informé du projet d’exposition des œuvres françaises de Lipchitz au Musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Patrice Trigano a convenu avec Emmanuel Bréon, commissaire général de la manifestation, de dates d’exposition concomitantes et d’une campagne de communication commune. Le galeriste est presque un habitué de la méthode : il avait déjà présenté une sélection d’œuvres de Jean Hélion parallèlement à la rétrospective au Centre Pompidou au début de 2005.
Incluant des pièces achetées récemment et des prêts de particuliers, l’ensemble présenté aborde l’essentiel de l’œuvre tardif de Lipchitz. Installé à Paris dès l’âge de 18 ans, le sculpteur fait ses débuts dans le cubisme, qu’il abandonnera assez rapidement. Soucieux de « faire oublier le poids statique d’une sculpture », il obtient la reconnaissance internationale dès les années 1930. La montée du nazisme le pousse à produire des œuvres chargées politiquement et émotionnellement – ses sujets mythologiques ou religieux ne sont pas innocents (L’Enlèvement d’Europe, 1938). Réfugié à New York en 1941, Lipchitz développe un style brut, à l’apparente spontanéité, où la légèreté du mouvement s’accommode de la puissance du bronze. L’héroïsme (Thésée et le Minotaure, Étude pour Bellérophon apprivoisant Pégase, Prométhée et le vautour…) et les figures emblématiques (La Geisha, Le Schocheth, La Tour et son ombre…) offrent autant de formes à décrypter.
Les collectionneurs de Lipchitz sont, avant tout, des amateurs de sculptures du XXe siècle, quand ils ne succombent pas à la tentation de s’offrir un dessin préparatoire à une œuvre déjà en leur possession. Si la cote de son œuvre est en hausse, les prix du marché restent, selon le galeriste, raisonnables.
Jusqu’au 26 novembre, galerie Patrice Trigano, 4 bis, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris, tél. 01 46 34 15 01, du mardi au samedi 10h-13h et 14h30-18h30, www.artnet.com/galerietrigano.html
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Âme russe
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Abonnez-vous dès 1 €- Galeriste : Patrice Trigano - Nombre d’œuvres : 18 bronzes et 8 dessins, aquarelles et huiles sur papier (de 20 000 à 250 000 euros) - Nombre de salles : 3
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°224 du 4 novembre 2005, avec le titre suivant : Âme russe