Alliance Enchères, l’union normande

Première vente par un GIE de 6 études

Le Journal des Arts

Le 5 décembre 1997 - 484 mots

Caen accueille le 6 décembre la première vente d’Alliance Enchères. Rassemblant huit commissaires-priseurs, ce groupement d’intérêt économique fédère six études normandes. Chacune y conserve son indépendance, tout en mettant en commun ses moyens propres dans le but d’organiser une vente trimestrielle. Une étape avant réforme des ventes publiques.

PARIS. "Alliance Enchères est plus un rapprochement d’officiers ministériels qu’une ébauche de société commerciale", reconnaît Me Patrice Biget. Pour ce professionnel installé à Alençon, cette solution présente surtout l’intérêt "de permettre à chacun de conserver son indépendance". Avec ses sept autres confrères qui officient dans des études en Basse et Haute-Normandie – Maryvonne Lebars et Robert Lesieur, Samuel Boscher, Francis Dupuy, François Thion, Lô et Tancrède Dumont –, il a décidé de fonder un groupement d’intérêt économique. Les ventes volontaires d’objets d’art ne pouvant être encore organisées par des sociétés commerciales, et les sociétés d’exercice libéral "ne présentant que peu d’intérêt", selon le président de la Chambre nationale Gérard Champin, le GIE était la seule alternative avant la réforme du marché. Chacun ayant souhaité conserver ses propres structures, les “c-p” pourront donc continuer à rendre un service de proximité. Pour Me Boscher, il est primordial de “maintenir la notion de service public, inhérente à la fonction d’officier ministériel et corollaire de l’actuel monopole”. Il n’en demeure pas moins convaincu d’organiser des ventes de prestige. Ainsi, au cours de la vacation du 6 décembre, seront proposées plusieurs œuvres d’Eugène Delacroix, dont un manuscrit autographe du Voyage au Maroc estimé 100 000 francs et une huile sur carton, Cavaliers traversant le fleuve Sebou, à 1,2 million de francs.

Des vacations tournantes
L’avantage de cette formule réside également dans la souplesse qu’elle induit. Les obligations réciproques des professionnels réunis dans Alliance Enchères sont en effet limitées puisqu’ils se contenteront, selon Me Dumont, de “met­tre en commun des moyens” : échanger leurs fichiers d’acheteurs, concevoir, éditer et diffuser ensemble leurs catalogues, établir un partenariat avec des experts afin d’organiser des journées d’estimation, créer un bureau parisien au début de l’année prochaine… Les ventes se dérouleront tantôt chez l’un des membres du groupement, tantôt chez un autre. "L’unité de lieu n’est pas souhaitable car, en province, les commissaires-priseurs participent à la vie culturelle de leur petite ville", se justifie Me Biget. Après Caen, siège de la vacation hivernale, Honfleur pourrait bien accueillir les enchères printanières. Quant à la fréquence des ventes, elle a été dictée par "une certaine prudence provinciale", selon Me Boscher. Il lui semblait en effet présomptueux de prétendre "trouver suffisamment de marchandise pour organiser plus de trois ou quatre adjudications par an". De son côté, le directeur du Crédit Agricole de Normandie, qui a développé un partenariat avec le groupement, estime que "le développement de synergies, au sein d’une profession très individualiste par nature, semble encourageant". Me Dupuy, s’il reconnaît "la difficulté d’organiser un rapprochement avec des études françaises", n’exclut pas d’élargir ensuite le cercle à d’éventuels partenaires étrangers.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Alliance Enchères, l’union normande

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