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Alix Dionot-Morani et Axel Dibie, directeurs et fondateurs de la Galerie Crèvecœur : « Nous avons besoin de moyens d’expression alternatifs »

Par Alexia Lanta Maestrati · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2019 - 598 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Crèvecœur et Bodega (New York) exposent à Paris plusieurs artistes relevant des deux galeries. Le tandem à la tête de l’enseigne parisienne explique cette collaboration sur le modèle du « gallery sharing ».

Fondée en 2009, Crèvecœur compte parmi les galeries prescriptrices parisiennes. Dotée d’un espace à Marseille depuis 2017, elle est avec d’autres à l’origine du salon alternatif Paris Internationale, qui se déroule en parallèle de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac).

Pouvez-vous expliquer le concept de l’exposition ?

Alix Dionot-Morani : Il s’agit d’une exposition collective intitulée « Les Soirées de Paris » rassemblant cinq artistes. Parmi eux : Julien Carreyn représenté par Crèvecœur ; Naoki Sutter-Shudo representé par la galerie new-yorkaise Bodega et Crèvecoeur ; et Hayley Silverman, Em Rooney, Doris Guo, trois artistes représentés par Bodega.

Axel Dibie : Ce sont des artistes contemporains qui utilisent plusieurs médias sans se poser de questions. Ils sont tous liés d’une façon ou d’une autre à la photographie. Il y a une sorte de reconnaissance entre nos artistes mutuels. Il s’agit plus que d’une simple exposition collective, mais d’une exposition collaborative et d’une rencontre avec cette scène new-yorkaise.

Quel est le point de départ de cette collaboration ?

ADM : Nous avons des liens avec cette galerie et partageons des artistes, et il y a des connexions entre les artistes de nos différents programmes. Notre rencontre date de la première édition de Paris Internationale, il y a cinq ans. L’année dernière, Bodega nous a invités à Condo New York. Nous avons donc décidé de les inviter à notre tour à coorganiser une exposition à Paris

AD : Condo est vraiment l’extension du concept du gallery sharing [NDLR : née à Londres, c’est une manifestation d’un mois où des galeries d’une même ville partagent gracieusement une partie de leur espace avec d’autres galeries]. Le modèle existe depuis longtemps, spontanément ou dans le cadre de manifestations comme Paris Berlin ou Condo. Il s’agit avant tout d’un partage d’intérêts, mais il faut bien s’entendre.

Quel arrangement financier avez-vous choisi ?

AD : Nous partageons les frais, ainsi que quasiment toutes les ventes. Nous essayons de nous organiser et de nous soutenir pour que chacun y trouve son compte et pour nous permettre de partager également nos collectionneurs. Les modèles collaboratifs nous intéressent.

ADM : C’est une façon de travailler ensemble, qui sort de la pure exclusivité ou de la concurrence à laquelle nous pouvons penser spontanément quand deux galeries sont à côté. Nous travaillons ensemble, car nous faisons partie des mêmes réseaux ; ceux qui sont institués et ceux que nous constituons nous-mêmes avec nos collectionneurs et nos artistes.

AD : Cela apporte une valeur ajoutée dans ce monde de l’art contemporain, où les grosses machines étouffent les structures de taille moyenne. Nous avons besoin de trouver des moyens d’expression alternatifs qui fonctionnent, et le gallery sharing est une excellente initiative.

Comment combinez-vous moyen d’expression alternatif et viabilité financière ?

AD : Le modèle du gallery sharing est intéressant, mais à l’instar d’événements comme Condo la rentabilité est faible. Notre chiffre d’affaires est composé à 50 % des bénéfices réalisés en foires et à 50 % en galeries, alors que nous passons la majorité du temps à nous occuper de notre galerie et à organiser des expositions. Nous recherchons et pensons des modèles alternatifs, ainsi nous participons aux grandes foires comme Frieze Londres, Art Basel à Bâle et Hongkong, mais aussi à des manifestations plus atypiques comme Art-O-Rama à Marseille, Material Art Fair à Mexico, Paris International ou Condo.

ADM : Nous aimons bien cette complémentarité, car elle nous permet de toucher des publics différents

 

Les Soirées de Paris,
jusqu’au 2 mars, Crèvecœur, 9, rue des Cascades, 75020 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°516 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Alix Dionot-Morani et Axel Dibie, directeurs et fondateurs de la Galerie Crèvecœur : « Nous avons besoin de moyens d’expression alternatifs »

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