Alice au pays des modernes

Une nouvelle maison de vente s’implante à Paris et New York

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 30 juin 2000 - 526 mots

Le créneau des beaux-arts des XIXe et XXe siècles sur lequel Christie’s, Sotheby’s, Phillips et les grandes maisons de vente françaises se livrent une concurrence acharnée va voir apparaître un nouveau protagoniste baptisé Alice qui organisera, dès l’automne, des ventes spécialisées à Paris et New York.

PARIS - Le paysage du marché de l’art français devrait se transformer avec l’entrée en jeu sur la scène nationale des grandes maisons de vente étrangères et l’arrivée de nouveaux protagonistes qui ne vont pas manquer d’apparaître. L’un des premiers est la société Alice dont les lecteurs de journaux d’art ont pu remarquer la campagne publicitaire en forme d’acronyme reprenant, en lettres blanches sur fond jaune, les initiales de son nom : A comme Authenticité, L comme Légalité, I comme Intégrité, C comme Crédibilité et E pour Excellence, la charte de valeurs que s’est fixée Francis Simon, le fondateur de la société, un ancien directeur général de Sotheby’s France. Alice se positionne sur le marché des beaux-arts (tableaux et sculptures) des XIXe et XXe siècles. Elle organisera chaque année deux sessions de vente, au printemps et à l’automne dans des locaux loués pour l’occasion, à New York sous la houlette de Alice USA et sur les bords de Seine sous l’égide d’Alice Paris. Dans la capitale française les ventes se tiendront à l’hôtel d’Évreux, place Vendôme. La première est prévue pour le 26 octobre si la loi a été définitivement adoptée. Outre-Atlantique, elles auront lieu à Manhattan, à l’Harold Pratt House, à l’intersection de Park Avenue et de la 68e rue. Premiers coups de marteau le 14 novembre. “Notre double implantation permettra à nos clients de choisir de vendre à Paris ou à New York”, explique Francis Simon.

Ses coûts fixes peu élevés tant en terme de personnel – les effectifs devraient s’élever à dix personnes cet automne – et de charges locatives – l’entreprise ne possède pas de salle de vente mais en louera une ponctuellement pour chaque vacation – permettront à la société de prélever sur leurs clients des commissions compétitives : 10 % pour les frais acheteurs ; 5 % jusqu’à 500 000 dollars, 2,5 % jusqu’à 1 million de dollars pour les frais vendeurs. “Notre objectif est de gagner une partie de ce marché en misant sur la qualité des œuvres proposées, sur des estimations raisonnables et des services personnalisés. Nous avons une volonté de transparence et de respect des règles déontologiques. Le contrôle de la société par ses propres salariés, qui détiennent plus de 50 % du capital, garantit notre indépendance,” souligne le responsable de la maison de vente. Ces objectifs posés reste à cette nouvelle venue à conquérir une place sur un marché où la concurrence est déjà très vive. Elle devra faire face à la puissance de feu des deux géants mondiaux qui réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires sur ce créneau et à l’appétit de leur challenger, Phillips, qui ne cache pas ses grandes ambitions. Christie’s n’a-t-elle pas réalisé, à elle seule, pour ses ventes de printemps d’art des XIXe et XXe siècles – art contemporain mis à part – 220 millions de dollars de produit (1,6 milliard de francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°108 du 30 juin 2000, avec le titre suivant : Alice au pays des modernes

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