Foire des antiquaires

50 ans dignement fêtés

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2005 - 797 mots

La Foire des antiquaires de Belgique poursuit ses remaniements qualitatifs.
Pour son cinquantenaire, de nombreux marchands parisiens y exposent.

 BRUXELLES - Le remaniement musclé opéré depuis deux ans par la présidence de l’antiquaire Jan De Maere et le déménagement effectué lors de la précédente édition dans le bâtiment A du site Tour & Taxis ont valu un sérieux bond qualitatif à la Foire des antiquaires de Bruxelles. Triplée dans sa surface, dotée d’une commission d’expertise composée de non-exposants, la foire fête aujourd’hui ses 50 ans. Pour l’occasion, le calendrier a été avancé au mois de janvier. « Cela convenait plus à ceux qui participent aussi à Palm Beach (lire p. 23) Les clients qui ont des entreprises touchent aussi leurs dividendes en janvier et sont plus disponibles aux achats », précise Jan De Maere. La doyenne des salons peine toutefois à rallier les grandes enseignes internationales, nécessaires pour une vraie montée en puissance. Certaines comme Katrin Bellinger (Munich), attirée l’an dernier par l’accent porté sur le dessin, se sont dérobées à la cuvée 2005.
Tout comme les deux tiers des exposants, les visiteurs sont principalement locaux. Curieux et réactifs, les collectionneurs belges représentent l’une des cibles des 29 nouveaux participants, parmi lesquels on recense de nombreux Parisiens. Pour ces derniers, il s’agit aussi de suivre la « migration » des 21 000 riches « expatriés » Français installés en Belgique où la fiscalité est plus amène. « Aujourd’hui, 50 % de ma clientèle traditionnelle est devenu résident belge », reconnaît le marchand d’art primitif Bernard Dulon (Paris). D’après un rapport publié le 29 janvier 2002 par Eurostat, le pouvoir d’achat à Bruxelles serait le deuxième plus important en Europe après le centre de Londres !

XXe siècle en peine
Si la moyenne des transactions de la foire tourne généralement entre 10 000 et 50 000 euros, les arts non occidentaux engrangent les meilleurs résultats. Après avoir revigoré l’an dernier sa section asiatique, la foire renforce son pôle africain avec la venue de Bernard Dulon et de la galerie Flak (Paris). Le premier convoque des figures d’ancêtres hemba et des fétiches songye dans une gamme de prix allant de 10 000 à 300 000 euros. L’empire du Milieu règne en maître sur le stand de la galerie Jacques Barrère (Paris). Pour charmer une clientèle belge « aussi importante sinon plus que la clientèle française », Antoine Barrère a prévu pour 300 000 euros un luohan [disciple de Bouddha, NDLR] en marbre très expressif de l’époque Song.
Incontournable dans la plupart des salons, le XXe siècle peine encore à prendre ses marques dans la manifestation. « Le public est plus orienté vers les antiquités, mais nous avons bien travaillé l’an dernier. Nous allons surtout présenter des choses classiques des années 1940 à 1960, des pièces pas trop modernistes, ni dans le genre “plastique fractal” », remarque Bernard Rapin, de la galerie Autegarden-Rapin, qui a inauguré un grand espace en octobre sur l’avenue Louise. La création du salon bruxellois « Antiquaires du XXe siècle » du 5 au 9 mars sous l’égide d’Art Home risque d’ailleurs de freiner le développement de ce secteur au sein de la Foire des antiquaires. Même si le volet classique s’affirme avec l’arrivée de Delvaille, Orts et Epoca (Paris), Flore de Brantes (Paris) opte pour le mélange des genres, en mariant une paire de fauteuils Régence en bois naturel (25 000 euros) avec une table des années 1970 (15 000 euros) dont le piétement est composé d’hélices. Les bronzes du XIXe font enfin une entrée remarquée avec Pierre Dumonteil et Univers du Bronze (Paris). « Les Belges représentent 15 % de ma clientèle. Ils sont très amateurs d’art, éclectiques dans leur goût, ils ont encore les moyens d’achats spontanés alors que les Français s’épuisent un peu », observe avec pragmatisme Pierre Dumonteil. L’antiquaire de la rive gauche panache ses poulains contemporains et leurs grands ascendants comme Bugatti et Pompon dans une fourchette allant de 2 000 à 150 000 euros.
L’arrivée la plus singulière est sans aucun doute celle du libraire parisien Jean-Claude Vrain, seul représentant de sa spécialité au sein du panel. « J’ai pu acheter dernièrement une dizaine de dessins que Félicien Rops a réalisés pour le bibliophile Jules Noilly. J’ai aussi une aquarelle représentant une version du Viol de Magritte. C’est l’occasion qui fait le larron », lance malicieusement le libraire. Les prix des dessins de Rops voguent de 5 000 à 180 000 euros pour une version du célèbre Pornokratès, tandis que le Viol est à ravir pour 250 000 euros. Le trublion des libraires deviendrait-il multicarte ?

50e FOIRE DES ANTIQUAIRES DE BELGIQUE « TOUR & TAXIS »

Du 21 au 30 janvier, bâtiment A, « Tour & Taxis », avenue du Port/B, Bruxelles, 12h-19h, nocturne le 27 janvier jusqu’à 22h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°207 du 21 janvier 2005, avec le titre suivant : 50 ans dignement fêtés

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