PARIS [16.07.14] - Le rapport de mi-étape sur la gestion des collections des Musées de France commandé par la commission des affaires culturelle de l’Assemblée nationale dresse un constat critique sur le récolement, les œuvres spoliées et les réserves.
La mission d’information sur la gestion des réserves et des dépôts des musées - à qui la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale a demandé un rapport sur la gestion des collections des 1 218 institutions labellisées Musée de France – a déposé le 9 juillet son bilan d’étape (téléchargeable ici).
Ce document, résultat de huit mois d’enquête menés par quatre députés, intervient à la date qui aurait dû marquer la fin du premier récolement décennal selon la loi de 2002. Or, et ce n’est pas une surprise, ce récolement est loin d’être achevé. Sur les 199 établissements qui composent le Palmarès des musées des grandes et moyennes villes du palmarès 2014 des musées établi par Le Journal des Arts, 24 musées indiquaient avoir achevé leur récolement tandis que 69 n’avaient pas réalisé 50 % de l’opération et que 44 ne voulaient pas répondre, signe d’un embarras certain.
Les causes de ce retard ? Quatre années pour publier les textes d’applications nécessaires aux procédures de récolement, un certain attentisme de la part de plusieurs musées et un manque de moyens humains, indique la mission. Celle-ci pointe également une connaissance encore incomplète des collections par leurs gestionnaires et par le ministère de la Culture, chargé d’un contrôle scientifique.
Selon le rapport, les œuvres spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale sont encore trop peu souvent identifiées. Après avoir salué la démarche proactive dans laquelle s’est récemment engagée le Ministère de la Culture pour restituer les œuvres MNR, la commission préconise de réaliser une recherche systématique de la provenance des collections publiques, en écho au « texte de Washington ». La très large place (9 pages sur 30) consacrée à la situation des œuvres spoliées au sein d’un rapport sur la gestion des collections publiques peut apparaitre disproportionnée. Ces œuvres, également suivies de près par un groupe de travail mis en place par Aurélie Filippetti, ne représentent en effet que 13 500 pièces sur 46 millions au sein des Musées de France. Mais elles portent une charge émotionnelle et morale très forte.
Le rapport se penche également sur les conditions de conservation des œuvres dans les réserves, pointant une inadaptation des surfaces et des conditions de sécurité.
On peut regretter que les cas relevés par la Mission soient peu représentatifs de l’ensemble du paysage muséal français. Si les musées nationaux sont largement évoqués, les musées territoriaux, sont plutôt délaissés. Or ces derniers sont souvent les plus mal lotis en matière de réserves, ils représentent pourtant 82 % des Musées de France. De même, les dysfonctionnements ne sont pas suffisamment mis en rapport avec les réalités budgétaires dans un contexte où les réductions de budget accompagnent des conditions de conservation de plus en plus exigeantes.
La mission, qui devrait rendre son rapport définitif fin 2014, entend se pencher par ailleurs sur le sujet de l’inaliénabilité des collections publiques.
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L’Assemblée nationale inspecte les réserves des musées
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