La brusque disparition de Roman Opalka

Roman Opalka n’avait pas pu assister, en raison d’ennuis de santé, au vernissage de l’exposition que lui consacrent actuellement la ville de Thonon et le critique d’art Philippe Piguet. Pourtant c’est un autre mal qui l’a emporté subitement le 6 août 2011 en Italie où il séjournait en vacances : une infection généralisée aussi rapide qu’inattendue. Une fête rassemblant plus de 100 invités, était même prévue à Venise en août prochain pour célébrer son 80e anniversaire.

Roman Opalka est né en France en 1931. Il est déporté en Allemagne en 1940 alors que sa famille était revenue s’établir en Pologne, son pays d’origine. Il en réchappe mais ce traumatisme laissera des traces profondes dans son univers mental. Il suit une formation à l’école des beaux-arts de Varsovie, puis enseigne à la maison de la culture de Varsovie avant de rejoindre définitivement la France en 1977.

C’est en 1965 qu’il adopte le programme auquel il aura consacré près d’un demi-siècle : peindre l’ensemble des nombres entiers naturels, en blanc sur fond noir. A partir de 1972 il décide d’ajouter 1% de blanc au fond noir, de sorte que dans ses derniers tableaux, chiffres et fond semblent confondus. Il termine invariablement sa séance de travail en se prenant en photo, de face, toujours dans la même position. « Mon programme a été mon sauvetage, indique-t-il. Je pensais alors au suicide. Cette démarche est une forme de suicide, mais c’est une chute qui crée une œuvre. » disait-il à Roxana Azimi en octobre 2010. Il s’acheminait lentement vers le chiffre de six millions.

Opalka habitait depuis quelques années dans la Sarthe, au lieu-dit Le Bois-Mauclair, à proximité du Mans, après avoir longtemps résidé en Dordogne à Bazérac. Ses obsèques auront lieu jeudi 11 août au Mans.