Son chantier enfin lancé, le futur musée lyonnais, financé par le conseil général du Rhône, présente toute la richesse de ses collections.
LYON - Le navire a tangué, mais il n’a pas chaviré. C’est en somme le message délivré actuellement par l’exposition proposée par le Musée des Confluences, à Lyon, au sein du Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière. Organisée hors les murs par la force des choses – la construction de son futur bâtiment n’ayant débuté qu’en juin 2010 –, celle-ci consiste en un échantillonnage des très riches collections scientifiques et ethnographiques du musée, sélectionné parmi les quelque 300 000 lots conservés. Pour les équipes de l’établissement, il s’agit là de donner de l’appétence au public pour un projet qui semble avoir été touché, dès le départ, par une étrange malédiction.
Lancée en 2000 par le conseil général du Rhône, cette ambitieuse rénovation du Musée Guimet de Lyon, un poussiéreux mais très riche muséum d’histoire naturelle – le deuxième de France en termes de collections –, aura dû surmonter de nombreux écueils. La maquette retenue lors du concours d’architecture, celle d’un bâtiment déstructuré conçu par l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au, va rapidement se muer en casse-tête architectural. Les querelles d’expertise entre entreprises puis la surenchère des assureurs vont obliger le département à revoir entièrement la procédure. Bilan : le chantier n’a pu démarrer qu’en juin 2010 pour une inauguration prévue en 2014, soit avec dix ans de retard sur le calendrier initial. Le projet est aussi devenu orphelin, son directeur historique, Michel Côté, nommé dès 1999, ayant jeté l’éponge en juin dernier pour rejoindre son Québec natal et y diriger un important pôle muséal. Mais il avait bouclé de longue date le projet scientifique tout comme la programmation de l’établissement jusqu’en 2015, et le conseil général s’est engagé à ne pas les modifier.
Un test auprès du public
Malgré la tempête, les équipes du musée ont continué à mener le chantier des collections, piloté depuis le Centre de conservation et d’études des collections, ouvert dès 2002. « Les circonstances ont souvent été difficiles quand, chaque jour, de nouvelles rumeurs nous prédisaient l’arrêt du projet », reconnaît Bruno Jacomy, responsable des collections et directeur adjoint, qui assume aujourd’hui la direction par intérim. Autant dire que la dernière saillie en date, celle d’un candidat divers droite aux élections cantonales de mars, qui s’est prononcé pour une suspension du projet après une décennie de consensus politique sur le sujet, n’ébranle même plus l’équipe scientifique du musée. Le flegmatique président du conseil général, Michel Mercier, devenu garde des Sceaux lors du dernier remaniement gouvernemental, ne semble pas davantage ému par la querelle autour du budget final de l’opération, chiffré à 260 millions d’euros par une association de contribuables lyonnais (Canol) et seulement à 175 millions d’euros par ses services – contre 61 millions initialement prévus.
Dans ce contexte, cette exposition lyonnaise fait donc figure de test auprès du public, pour un projet qui entre dans sa dernière ligne droite et entend désormais faire parler de lui pour sa collection. Les 600 objets réunis et présentés sur de grandes étagères, évoquant les réserves du musée, confirment le haut niveau et l’éclectisme de la collection, dans une approche thématique croisant sciences et société, très différente du projet esthétisant du Musée du quai Branly, à Paris. Le visiteur y déambule entre des animaux naturalisés, un grand squelette de Camarasaurus (un dinosaure), des instruments scientifiques anciens et modernes ou des objets ethnographiques, mais aussi quelques pièces archéologiques rares, comme ces statuettes égyptiennes d’Hommes barbus (Nagada I, 3800-3500 av. J.-C.) convoitées par le Musée du Louvre. Cette présentation est aussi l’occasion d’expérimenter de nouveaux outils numériques créés par le Centre Érasme, le pôle d’innovation numérique du département, comme des tablettes tactiles mobiles plébiscitées par les visiteurs. Cela en attendant le recrutement d’un nouveau directeur, dont le profil (manager ou scientifique ?), pour un établissement qui sera doté d’un budget de près de 17 millions d’euros annuels, ne semble toujours pas défini par le département.
Jusqu’au 8 mai, Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 17, rue Cléberg, 69005 Lyon, tél. 04 72 69 05 00, www.museedesconfluences.fr, tlj sauf lundi 10h-18h
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Le Musée des Confluences se dévoile
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : Le Musée des Confluences se dévoile