VERSAILLES
VERSAILLES - L’incendie, principal fléau des théâtres, a toujours stimulé la recherche de nouvelles solutions architecturales.
L’opéra royal de Versailles, construction en bois dans une enveloppe de pierre qui a miraculeusement échappé au feu, ne déroge pourtant pas à la règle. Car c’est principalement pour pouvoir rouvrir l’établissement en toute sécurité que 13,5 millions d’euros ont été investis dans ces nouveaux travaux qui auront duré deux ans. Les lieux, situés à l’extrémité de l’aile septentrionale du château, s’ils ont été peu utilisés, ont pourtant connu de nombreuses vicissitudes. Un premier projet lancé en 1682 par l’architecte de Louis XIV, Jules Hardouin-Mansart, est en effet laissé à l’état d’inachèvement. À la fin du XVIIIe siècle, après plusieurs projets, Ange-Jacques Gabriel achève enfin cet opéra, inauguré pour les cérémonies du mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette. Avec son plan ovoïde et sa colonnade inspirée de Palladio, la salle « à transformations », qui peut aussi être configurée en salle des festins ou salle de bal, est alors l’une des plus vastes abritées au sein d’un palais, avec près de 1 200 places – contre plus de 600 aujourd’hui. Peu utilisée par la suite, elle fait l’objet de nouveaux travaux sous le règne de Louis-Philippe, portant principalement sur une mise au goût du jour de son décor. Mais, dès 1870, ce quartier du château et l’opéra sont affectés au Sénat qui laisse lentement la salle se dégrader. Elle ne sera restituée à la Culture que dans les années 1950.
Volume d’origine
Commence alors une grande campagne de restauration qui, si elle aboutit à une recréation des décors de l’Ancien Régime, entraîne aussi de profondes mutilations des éléments techniques. « À l’époque, le patrimoine technique n’était pas considéré de la même manière », déplore aujourd’hui Frédéric Didier, l’architecte en chef des monuments historiques de Versailles chargé des travaux. La mise aux normes drastique avait alors abouti à la construction d’un mur coupe-feu en béton armé et à l’installation d’un rideau de fer sur la cage de scène. Profitant du retour dans le giron du château des derniers espaces mitoyens à la salle affectés au Sénat, l’architecte a pu repenser globalement le fonctionnement de l’opéra. Toute la technique a été externalisée afin de restituer le volume d’origine de la cage de scène. Les sous-sols de la cour intérieure ont donc été excavés de plus de six mètres pour accueillir tous les locaux techniques, permettant ainsi d’écarter les risques à l’intérieur de la salle. Ces réseaux souterrains de l’opéra seront également connectés aux autres galeries techniques enterrées, dont le château se dote dans le cadre du schéma directeur du Grand Versailles.
Dans les dessous – étages sous le plateau –, accessibles au pulic dans le cadre de visites guidées, la continuité de l’impressionnante forêt de poteaux destinée à accueillir la machinerie et à porter la scène a pu être restituée. « Nous n’avons pu remettre en état la machinerie d’époque, mais nous avons rendu les choses possibles pour la suite », précise Frédéric Didier. Ce dernier caresse aussi le projet d’ouvrir, dans ces espaces souterrains, un petit musée de l’œuvre, qui pourrait abriter la collection de maquettes de décors de théâtre du XVIIIe siècle, actuellement conservée à Chambord. À l’étage, les volumes ont été rétablis côté scène, remettant à jour les niveaux de loges dérobées accessibles par des escaliers en colimaçon escamotables. Côté salle, l’ensemble du décor a fait l’objet d’un simple rafraîchissement. De quoi accueillir dignement les spectateurs dans le cadre d’une exploitation commerciale de la salle, réputée pour la qualité de son acoustique.
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L’Opéra de Versailles en majesté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°311 du 16 octobre 2009, avec le titre suivant : L’opéra de Versailles en majesté