Pluie de records pour la vente inaugurale d’avril de Christie’s.
NEW YORK - La traditionnelle vente de début d’année de tableaux anciens de Christie’s à New York, pour la première fois repoussée de la fin janvier au 6 avril (lire le JdA no 234, 31 mars 2006), a obtenu une série de records. Grande vedette de ce palmarès, la très attendue vue de Venise de William Turner, Giudecca, La Donna della Salute and San Giorgio, estimée 20 millions de dollars (16,3 millions d’euros), cumule tous les honneurs. Adjugée 35,8 millions de dollars à un collectionneur américain au téléphone, cette peinture est devenue un record absolu pour une peinture anglaise en vente publique (devant un tableau de John Constable vendu 21 millions de dollars en 1990) et le tableau ancien le plus cher jamais vendu aux enchères aux États-Unis (le deuxième au niveau mondial). Le marché s’est emballé pour l’ensemble de la vente, dont le total culmine à 74,5 millions de dollars.
Les deux chefs de département du groupe Christie’s, Nicholas Hall et Richard Knight, ont salué ces résultats : « Avec cette vente, qui a été un succès à tous les niveaux (que ce soit en valeur globale, en pourcentage de lots vendus et en valeur moyenne d’un lot), Christie’s réaffirme confortablement son leadership dans cette spécialité. L’enthousiasme de nos clients nous a confirmé le choix judicieux d’avril comme nouveau rendez-vous pour la peinture ancienne à New York, dans un calendrier international désormais plus équilibré. » La nouvelle stratégie internationale de Christie’s repose sur un espacement raisonnable entre les ventes de Londres (décembre et juillet) et de New York (octobre et, à présent, avril), deux places considérées comme d’égale importance pour la peinture ancienne. Sotheby’s, dont la gestion reste américaine, n’entend pour l’instant rien changer à sa date de janvier à New York.
Le premier catalogue, qui concentrait les quatre-vingt-dix-sept plus beaux lots de la vacation, dont le Turner, a totalisé 69,5 millions de dollars, avec un taux de 73 % de lots vendus. Un fabuleux ensemble de peintures primitives italiennes à fond d’or d’une collection privée américaine rivalisait avec une série de belles natures mortes provenant principalement de la collection de l’antiquaire milanais Silvano Lodi.
Florilège de natures mortes
Pour les natures mortes, plus commerciales que la peinture religieuse, les enchères ont été plus soutenues. Quatre prix records ont été enregistrés : un bouquet de fleurs du XVIIe par le peintre de l’école du Nord Georg Flegel, estimé 2,5 à 3 millions de dollars, est parti à 4,05 millions de dollars ; une Coupe aux pêches par le contemporain du Caravage Fede Galizia, estimée 500 000 dollars, a été vendue à un marchand américain pour 1,64 million de dollars ; une rare Nature morte aux instruments de musique du XVIIe par Evaristo Baschenis a été emportée 1,472 million de dollars par un particulier américain, au double de son estimation ; et une Coupe de fruits par le maître lombard dit « de la coupe de fruits » a été adjugée un peu plus de 1 million de dollars à un collectionneur américain, au double de son estimation. Les enchères ont été moins poussées pour le Saint Augustin à fond d’or de Sassetta, estimé entre 1,2 et 1,8 million de dollars. Bien qu’il fût la dernière peinture de l’artiste encore en main privée et l’un des meilleurs exemples de primitifs italiens à fond d’or de la vente, il est parti pour seulement 1,136 million de dollars, largement au-dessous des espérances. Adjugé 912 000 dollars, une Mater dolorosa, sujet difficile bien que peint par Titien, n’a pas non plus passé la barre de son estimation basse (1 million de dollars). En revanche, Esther before Ahasuerus, une riche composition très colorée à la tempera sur panneau de format tondo, a été arrachée 856 000 dollars, au double de son estimation, par un amateur européen.
- Experts : Nicholas Hall, Richard Knight
- Estimation : 50 millions de dollars (40,8 millions d’euros)
- Résultat : 74,5 millions de dollars (60,7 millions d’euros)
- Lots vendus : 70 %
- En valeur : 88 %
- Nombre de lots vendus/ravalés : 173/73
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Stratégie gagnante
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°236 du 28 avril 2006, avec le titre suivant : Stratégie gagnante