Justice

LVMH

La Samaritaine, la bataille juridique continue

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 23 avril 2014 - 613 mots

La démolition de l’îlot rue de Rivoli dans le cadre de la rénovation du grand magasin, pourrait être interrompue par le tribunal administratif le 29 avril.

PARIS - Fermés depuis 2005 pour des raisons de sécurité, la Samaritaine doit rouvrir en 2016 ou 2017. Commerces, bureaux, crèche, hôtel de luxe et logement sociaux doivent s’implanter sur les 70 000 m2 du magasin 2 et magasin 4 de l’ex-grand magasin, propriété de LVMH, après une réhabilitation coté Seine et une reconstruction côté rue de Rivoli. Si le magasin 2 – îlot jouxtant le fleuve composé d’un ensemble Art nouveau et d’un ensemble Art déco inscrits Monuments historiques depuis 1990 – doit faire l’objet d’une réhabilitation respectueuse du patrimoine (1), le sort de l’ancien magasin 4 au Nord mobilise les associations de protections patrimoniales.

Depuis fin décembre 2013, la démolition du magasin 4 de la Samaritaine – encadré par la rue de Rivoli, la rue de l’Arbre Sec, la rue de la Monnaie et séparé du magasin 2 par l’étroite rue Baillet – bat son plein. Des immeubles non protégés datant du XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle, ont été démolis. Les quatre-cinquième de l’îlot ont aujourd’hui disparu en dépit de l’avis (consultatif) de la Commission du vieux Paris, qui avait plusieurs fois dénoncé en 2011 la destruction de cet îlot. Sur la rue de Rivoli, seul un immeuble préhaussmanien de 1852 (intérieur et façade) est toujours intact, recouvert de façades de camouflages.

Bras de fer entre associations et LVMH
En février 2013, SOS Paris et la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF) déposaient une requête d’annulation du permis de construire délivré par la Mairie de Paris le 17 décembre 2012. Cette contestation avait été déclarée irrecevable en juillet 2013 par le tribunal administratif de Paris pour une question de forme, sans en examiner le fonds. En février 2014, le Conseil d’État, saisi par les associations, a invalidé cette ordonnance d’irrecevabilité. Le jugement sur la demande de suspension du chantier sera rendu le 29 avril 2013 après renvoi en formation collégiale par le juge des référés. « On espère sauver les derniers immeubles historiques », explique SOS Paris, qui est également fermement opposée à l’élévation d’un mur de verre ondulé et sérigraphié, conçu par l’agence Sanaa pour recouvrir la façade rue de Rivoli, en covisibilité du Louvre. La question de la hauteur de l’édifice fait aussi grincer les dents des associations, désireuses de préserver l’homogénéité du paysage parisien. En 2010, le plan local d’urbanisme (PLU) subissait une révision simplifiée, ménageant pour les deux îlots de la Samaritaine des hauteurs maximales plus hautes que celles des bâtiments alentours, permettant d’élever les constructions jusqu’à sept mètres plus haut que l’autorisait le PLU en vigueur. En raison de surélévations et de locaux techniques, la hauteur de plusieurs bâtiments de l’îlot était déjà plus élevée que la hauteur maximale autorisée par le PLU, s’était justifiée la Ville de Paris.

Pour l’heure, les démolitions en surface ont été arrêtées à une quinzaine de mètres des édifices encore debout pour ne pas les endommager. Seuls immeubles de l’îlot Rivoli à être encore habités, les 8, 8 bis et 10 rue Baillet, datant du XVIIe siècle, sont également les seuls à ne pas appartenir intégralement à LVMH. Désireux de s’implanter sur l’ensemble de l’îlot, le groupe de Bernard Arnault, qui a déjà racheté plusieurs appartements à leurs propriétaires, convoite les logements d’une douzaine de personnes « en cherchant à mettre en œuvre des moyens qui sont loin d’être à notre avantage », selon plusieurs riverains.

Note

(1) Son permis de construire a été attaqué par les associations patrimoniales pour vices de formes. Le recours a été rejeté le 11 avril.

Légende photo

Ancien magasin 4 de la Samaritaine en cours de démolition. © Photo : M. Boutges.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°412 du 25 avril 2014, avec le titre suivant : La Samaritaine, la bataille juridique continue

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