L’annulation du permis de construire de la Samaritaine a été confirmée en appel, malgré l’avis de la rapporteure. La Ville de Paris et LVMH ont annoncé un pourvoi en cassation.
PARIS - Le 5 janvier 2015, la cour administrative d’appel de Paris a confirmé la décision du tribunal administratif de Paris du 13 mai 2014 annulant le permis de construire de la nouvelle Samaritaine, délivré en 2012 par la Mairie de Paris à LVMH (propriétaire de la « Samar »). Réunie en sa très solennelle formation plénière – signe du caractère emblématique de ce dossier architectural, patrimonial et urbanistique –, la cour d’appel a justifié, comme l’avait fait le tribunal en première instance, l’invalidation du permis par la mauvaise intégration de la façade de verre sérigraphié dans la « perspective globale » de la rue de Rivoli. « La façade en verre ondulé de 73 mètres de long et de 25 mètres de hauteur – pratiquement dépourvue d’ouverture et d’éléments décoratifs – prend place dans un ensemble d’architecture homogène par son matériau, ses toitures et ses registres décoratifs, composés notamment de fenêtres et de balcons, auquel elle ne s’intègre pas », indique la décision de justice. Or, les dispositions du plan local d’urbanisme (PLU) parisien exigent que les constructions neuves s’intègrent dans le tissu urbain existant.
Dans un procès aux rebondissements multiples (lire le JdA no 412, 25 avril 2014), cette décision est apparue comme un nouveau coup de théâtre. La victoire des associations de protection du patrimoine (la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France et SOS Paris) semblait en effet difficile à imaginer après l’intervention de la rapporteure publique. Cette dernière, lors de l’audience d’appel du 5 décembre 2014, avait plaidé pour une « lecture moins stricte et restrictive […] du règlement du PLU » et l’édification de la façade dans la configuration projetée par l’agence d’architecture Sanaa. Le sursis à exécution, qui avait autorisé le chantier de la Samaritaine à reprendre en octobre dernier, pouvait aussi peser sur la décision.
La Ville de Paris et LVMH ont aussitôt annoncé leur pourvoi en cassation. « Une adaptation du projet […] serait sans doute plus raisonnable », a commenté la société d’avocats Atys, dans son analyse du jugement diffusée le 5 janvier. « Une façade en verre sérigraphié n’est pas interdite, même dans un espace sensible, à la condition que cette sérigraphie et les autres éléments d’architecture respectent un minimum […] d’insertion », a ajouté Atys, se référant à l’élévation d’un bâtiment du 16e arrondissement qui avait su se rendre compatible avec les dispositions du PLU par son bon voisinage avec l’existant. « L’affaire de la Samaritaine met en exergue toute la difficulté de rédaction et d’application d’un PLU, qui d’un côté se veut ouvert à la création architecturale contemporaine, et de l’autre, souhaite préserver la qualité urbaine et patrimoniale existante », a quant à lui souligné le conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France, cité par la revue L’Architecture d’aujourd’hui. Le chantier de la nouvelle Samaritaine est à nouveau stoppé. Ces dernières semaines, on a pu assister à l’étaiement des fenêtres de la rue de l’Arbre-Sec et autres travaux de sécurisation effectués sur les derniers vestiges de l’îlot de bâtiment anciens, démoli aux 4/5es, à l’exception notable d’un bâtiment pré-haussmannien dissimulé sous une façade de camouflage.
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La Samaritaine vers un 3e round
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°427 du 16 janvier 2015, avec le titre suivant : La Samaritaine vers un 3e round