PARIS
PARIS - « On trouve tout à la Samaritaine » serinait un vieux slogan publicitaire. Même si l’antienne a perdu de sa substance avec la suppression hérétique du département bricolage, il ne serait pas impossible d’y trouver un jour… une fondation pour l’art contemporain.
Construit en 1905, l’édifice de la Samaritaine, conçu dans un esprit Art nouveau par Frantz Jourdain et remanié à la mode Art déco par Henri Sauvage, a été acquis par le groupe LVMH (Moët Hennessy – Louis Vuitton) en 2001. S’en suit un relookage total de l’enseigne. Classé monument historique, le grand magasin n’est toutefois plus conforme aux normes de sécurité en matière d’incendie. Après sa fermeture brutale le 15 juin, le directeur de la Samaritaine, Philippe de Beauvoir, devait annoncer le 28 juin l’échéancier des travaux dont la soudaine urgence étonne les syndicats. Il n’y aurait aucun projet secret ni « plan B », assure le groupe pour calmer les inquiétudes. En dépit du ton rassurant des caciques de LVMH envers les quelque 1 450 employés, il semble peu probable que le magasin rouvre ses portes dans la même configuration.
Malgré les démentis du « M. Mécénat » de LVMH, Jean-Paul Claverie, l’idée d’ancrer une fondation à la Samaritaine n’a rien de saugrenu. Elle avait même été suggérée en interne voilà moins d’un an. Le bâtiment Art déco de la « Samar » est en effet plus séduisant que les terrains du Jardin d’Acclimatation, propriété de LVMH pressentie un temps pour accueillir la future institution. En prenant ses quartiers dans les locaux de la Samaritaine, la fondation s’ancrerait avantageusement dans un quartier quadrillé par le groupe, entre Sephora et Kenzo. L’ensemble immobilier pourrait d’ailleurs fonctionner à la japonaise, avec le front de Seine dédié à l’art et la section adjacente à la rue de Rivoli aux accessoires et à la parfumerie. Un nouveau mariage de l’art et du luxe, comme les cerises de Takashi Murakami sur les sacs Louis Vuitton ! Avant la fermeture du grand magasin, d’autres rumeurs évoquaient les 4 700 m2 de Conforama. Ce bastion de Pinault-Printemps-La Redoute (PPR) doit en effet fermer prochainement ses portes, à la suite de la résiliation de son bail par La Belle Jardinière, filiale de LVMH. Cette dernière n’a d’ailleurs pas dévoilé ses intentions sur l’avenir du lieu.
La fondation de Bernard Arnault pourrait voir le jour d’ici quatre ans. Juridiquement, elle n’existe toutefois pas plus que celle de François Pinault. Le choix d’une fondation d’entreprise, option pertinente, ou d’une institution portant le nom du milliardaire n’a pas été tranché. Bernard Arnault n’a d’ailleurs fait qu’une entrée récente dans les arènes de l’art contemporain. Sa sempiternelle rivalité avec François Pinault n’y est pas étrangère. Mais son appétence personnelle le conduit davantage vers l’art classique ou l’immédiat après-guerre. Ainsi s’est-il porté acquéreur de la très belle Rue Pifre de Jean Dubuffet (6,5 millions de dollars) sur le stand de la galerie Malingue à la dernière FIAC, à Paris, en octobre 2004. Même si l’architecture de sa collection semble encore confuse aux yeux des spécialistes, les artistes français comme Annette Messager, Christian Boltanski ou Bruno Peinado y seraient déjà présents. Pour se raccrocher aux wagons de Pinault, Bernard Arnault a aussi acquis pour 2 millions de dollars la Ballade de Trotsky de Maurizio Cattelan en mai 2004 chez Sotheby’s.
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LVMH va-t-il y installer un musée d’art contemporain ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°218 du 24 juin 2005, avec le titre suivant : LVMH va-t-il y installer un musée d’art contemporain ?