Importants chantiers en cours ou « simples » projets appelés à évoluer, la capitale concentre actuellement tout l’intérêt des grandes pointures de l’architecture internationale qui entendent bien faire entrer la ville dans le XXIe siècle.
La canopée des Halles Patrick Berger et Jacques Anziutti
L’ancien Forum des Halles sera complètement métamorphosé en 2016 avec, entre autres, un jardin de quatre hectares reboisé et doté d’aires de jeux pour enfants. Mais il est un chantier qui sera livré dès juillet prochain, celui de Patrick Berger et Jacques Anziutti. Son nom : canopée, terme habituellement utilisé pour désigner la partie supérieure de la forêt. Dans le cas présent, il s’agit d’une gigantesque verrière juchée à 14 m – la hauteur de la cime des arbres – et d’une surface de 25 000 m2. Vendue comme aérienne et transparente par les esquisses originelles, celle-ci se compose, en réalité, d’une monumentale structure en acier de 7 000 tonnes peinte d’une couleur vert-jaune et habillée de quelque 20 000 panneaux de verre. Selon Patrick Berger, « la conception des formes de la canopée suit les principes d’optimisation des morphogenèses de la nature ». Le projet se compose, en outre, de deux bâtiments d’une surface totale de 13 350 m2, abritant à parts égales des commerces et des équipements publics : un conservatoire, une bibliothèque, un équipement dédié au hip-hop et un autre aux pratiques artistiques amateurs. Ces deux édifices sont construits autour d’un patio, vaste espace public appelé à devenir le nouveau cœur des Halles. Coût du projet : 216 millions d’euros.
La Philharmonie Jean Nouvel
Érigée Porte de Pantin, à la lisière du parc de la Villette, dans le 19e arrondissement, la Philharmonie de Paris sera, à terme, le plus grand auditorium de France dédié à la musique. Imaginée par Jean Nouvel, elle a subi une série de couacs successifs : entre débuts difficiles, retards de chantier et autres dérapages budgétaires. Prévue à l’origine pour être inaugurée en 2012, on évoque désormais, au mieux, une ouverture en janvier 2015, soit avec plus de deux ans de retard. Estimée à 120 millions d’euros au début du chantier puis, après réévaluation, à un prix global de 206 millions d’euros, son montant s’élève désormais à 387 millions d’euros de travaux. Sa forme : un vaisseau futuriste en aluminium et tout en angles, d’une hauteur de 50 m – l’équivalent de l’Arc de triomphe. La toiture se verra dotée d’un espace de promenade et un écran géant de 60 m de haut, visible depuis le périphérique, affichera la programmation. L’intérieur se compose, entre autres, d’un auditorium de 2 400 places avec un plancher mobile permettant de passer à 3 500 places en configuration « debout », de six salles de répétition, de dix studios, d’ateliers pédagogiques, d’une salle d’exposition et d’un restaurant panoramique. Objectif : hisser Paris au rang de Londres ou de Berlin sur la scène de la musique classique.
La tour Triangle Jacques Herzog et Pierre de Meuron
Faut-il ou non construire à Paris des « immeubles de grande hauteur » (IGH), autrement dit des tours ? Depuis quelques années, la question ne cesse de revenir sur le devant de la scène urbanistique et surtout politique. À preuve : ce projet dessiné par les Helvètes Jacques Herzog et Pierre de Meuron dans le parc des expositions de la Porte de Versailles. Cette tour de verre porte étrangement le nom de Triangle, alors que sa base est trapézoïdale et qu’elle fait plutôt penser à une pyramide malgré sa forme effilée. Logée sur un terrain de 7 600 m2 et traversée d’allées piétonnes, elle culmine à 180 m de haut – 42 étages – et déploie une façade de 150 m de long. Son épaisseur, d’environ 35 m à la base, se réduira à environ 16 m à son sommet. Selon ses concepteurs, la construction, par son implantation, sa forme et son orientation, limitera au maximum l’ombre portée sur les immeubles environnants. Ce qui n’a néanmoins pas convaincu un certain nombre d’habitants alentour hostiles au projet. Au total, la tour Triangle offrira près de 92 500 m2, dont 2 600 m2 d’espaces ouverts au public avec deux belvédères et un restaurant panoramique. Coût estimé : 500 millions d’euros. Livraison prévue en 2017.
L’église orthodoxe Jean-Michel Wilmotte
Dans le 7e arrondissement, la Fédération de Russie va construire son nouveau Centre spirituel et culturel orthodoxe russe. Choisi dans un premier temps, le projet signé par l’agence Sade avait ensuite été jugé trop « clinquant » et provoqué un tollé, si bien que la Fédération de Russie a retiré sa demande de permis de construire, fin 2013, puis sollicité l’architecte arrivé second du concours, Jean-Michel Wilmotte, pour prendre en charge le projet. Celui-ci a présenté sa maquette le 17 janvier. Au programme : un centre culturel, un centre paroissial, une école bilingue franco-russe pour cent cinquante enfants et, surtout, une église coiffée de cinq bulbes dorés. « Nous avons conservé les signes canoniques d’une cathédrale, dont les cinq bulbes, explique Wilmotte, mais nous les avons imaginés en doré mat de manière à ce qu’ils ne se repèrent pas de trop loin. » Le projet se veut donc plus sobre, mêlant verre, bois et pierre de Bourgogne. Le dôme le plus haut culmine à 36 m de hauteur, croix comprise. Coût global : 100 millions d’euros, pour une surface de 4 655 m2. Livraison en 2016.
La Fondation LVMH Frank Gehry
Dans le bois de Boulogne, à proximité du Jardin d’acclimatation, des « voiles » émergent de la cime des hêtres et des chênes centenaires, celles d’un bâtiment singulier signé par l’architecte californien Frank Gehry : la Fondation LVMH, nouveau lieu consacré à la création et à l’art contemporain. Architecture lumineuse et tout en transparence, avec le verre comme principal matériau, c’est, selon, un bateau aux voiles gonflées par le vent ou un nuage de 40 m de large sur 150 m de long. « J’ai à cœur de concevoir à Paris un vaisseau magnifique qui symbolise la vocation culturelle de la France », expliquait l’architecte. Habituellement « obsédé » par les écailles de poisson, Frank Gehry s’est, cette fois, écarté des approches classiques du verre pour développer un façonnage révolutionnaire de ce matériau permettant de courber au millimètre près et de façon différenciée chacun des 3 600 panneaux des douze voiles de verre qui donnent son volume à l’ouvrage. Surface totale de cette originale « verrière » : 13 500 m2. L’édifice, posé sur un bassin, comprend notamment onze galeries destinées à présenter différentes collections, expositions, performances et autres installations d’artistes, ainsi qu’un auditorium de quatre cents places. Hauteur du bâtiment : 46 m. Surface totale : 11 700 m2. Coût : 100 millions d’euros. Livraison : septembre 2014.
La Samaritaine Agence Sanaa
Après leur œuvre maîtresse du Musée du Louvre à Lens, l’an passé, Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, alias Sanaa, investissent pour la première fois Paris, avec un vaste projet : la rénovation et la reconfiguration complète des mythiques grands magasins de la Samaritaine, propriété du groupe LVMH et fermés en 2005. Adeptes de la transparence, les deux architectes nippons vont s’attacher à agir de même avec ce « mastodonte » qui, au fil des ans, s’était quelque peu « obscurci », architecturalement parlant. Leur plan masse propose, entre la rue de Rivoli et le quai du Louvre, et vice versa, un passage jalonné d’« événements architecturaux », en l’occurrence trois cours successives, qui déclineront des ambiances historique (Jourdain-Verrière) ou contemporaine (Rivoli, Jourdain-Plateaux). À côté de la restauration du patrimoine architectural Art nouveau et Art déco hérité des architectes Frantz Jourdain et Henri Sauvage, la nouvelle façade habillée de verre du futur îlot Rivoli jouera, elle, avec une palette subtile de transparences pour faire dialoguer le dedans et le dehors. Le programme est mixte : 20 000 m2 de bureaux, 26 400 m2 de commerces, une crèche de 60 berceaux, 96 logements sociaux et, enfin, un hôtel 5 étoiles – le Cheval Blanc, 72 chambres et suites. Surface totale : 70 000 m2. Coût du projet : 450 millions d’euros. Ouverture en 2017.
La cité judiciaire Renzo Piano
Porte de Clichy, l’aménagement de la ZAC Clichy-Batignolles, d’une superficie de 54 ha, est l’une des plus grandes opérations d’aménagement public engagée dans la capitale. Au cœur de ce projet trône la nouvelle cité judiciaire, laquelle abritera l’ensemble des services du tribunal de grande instance de Paris et le tribunal de police. La nouvelle cité judiciaire est une tour de 160 m de haut, composée d’un socle transparent surmonté de trois modules vitrés et de dix étages chacun et agrémentés de jardins suspendus. La première partie, le socle, comprend les 90 salles d’audience. La deuxième partie, moins large, est le domaine des magistrats du siège, surmonté par celui du parquet, enfin par celui des présidences. Entre chacun des modules se déploient des terrasses plantées –10 000 m2–, avec pins et arbres à hautes tiges. Surface totale de 61 500 m2. Coût : 575 millions d’euros. Ouverture prévue en 2017.
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Ces chantiers qui vont changer Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Herzog & de Meuron, Tour Triangle, projet prévu pour une livraison en 2017. © Herzog & de Meuron.
Agence Sanaa, La Samaritaine, projet de restructuration du grand magasin, propriété de LVMH. © SANAA.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Ces chantiers qui vont changer Paris