Le Parcours des mondes multiplie ses exigences pour devenir un rendez-vous incontournable. Depuis sa création en 2002, puis surtout avec sa reprise en main en 2008 par Pierre Moos, le Parcours des mondes a pris de l’ampleur, prenant même le pas sur Bruneaf, moins international et hétéroclite, confortant Paris en tant que capitale des arts premiers. Mais ce succès implique une rigueur, dans la sélection tant des participants que des œuvres présentées.
PARIS - Alors cette année, les organisateurs serrent les boulons. Cette rigueur suppose d’abord que la qualité des objets présentés soit garantie. « Un effort a été fait sur le vetting, avec la mise en place d’un vrai comité, composé de six spécialistes indépendants », explique Pierre Moos. Ils étaient trois seulement les années précédentes et n’étaient pas vraiment pris au sérieux. Désormais, les marchands mettront en jeu leur participation de l’année suivante si les décisions du comité ne sont pas respectées. « Le vetting doit multiplier ses passages pour effectuer des vérifications. C’est le problème des foires ouvertes : il est très facile pour un marchand peu scrupuleux de remplacer un objet écarté, par un autre. Le plus gros challenge de ces foires est d’être intraitable sur les faux », commente le galeriste Olivier Castellano. Les organisateurs ont bien pensé retirer les objets litigieux, mais la logistique serait trop complexe. « Les galeries qui n’étaient pas au niveau ont été refusées, tout comme les galeries pirates seront traquées », affirme Pierre Moos. Toujours soucieux d’animer ce marché, il a annoncé la création en 2014 d’un Parcours en mai : « les galeries souffrent du manque de passage hors événement ». Ce à quoi répondent les marchands, comme Alain Lecomte, « deux événements par an, c’est trop. Comment trouver de la marchandise en si peu de temps ? La qualité risque de baisser », s’insurge-t-il.
Honneur aux spécialisations
La rigueur requiert aussi la qualité des expositions thématiques proposées par une vingtaine de participants (60 en tout), une façon de dépasser la sphère commerciale pour donner plus de contenu. La galerie parisienne Pascassio Manfredi, spécialisée en art indonésien, présente une sélection d’objets de l’île de Bornéo, dont un Tucan cérémoniel kenyalang, du XIXe siècle. Olivier Castellano réunit d’importants objets de Côte d’Ivoire, parmi lesquels une rare et élégante statue Baoulé. Alain Lecomte se concentre sur des objets Bakongo (Congo), tel un fétiche à clous, chien Bavili (aux alentours de 45 000 euros). Jean-Edouard Carlier montre une quinzaine d’objets du Golf de Papouasie, dont un beau crochet porte-crâne agiba. Maine Durieux s’intéresse à la parure et propose « Salon de beauté », où l’on peut admirer un pendentif en or baoulé représentant un poisson silure (8 000 à 10 000 euros).
Si les organisateurs se font plus sévères, c’est aussi pour coller à la situation actuelle du marché. « Il est très sélectif. Les marchands doivent être plus pointus car dans ces périodes de crise, les clients ne s’autorisent que des achats impératifs. Il n’y a pas de place pour le superflu », souligne Renaud Vanuxem.
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Arts premiers : la qualité au prix de la rigueur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°396 du 6 septembre 2013, avec le titre suivant : Arts premiers : la qualité au prix de la rigueur