« Isoler l’objet et le montrer à l’écran en gros plan, à l’échelle la plus grande possible. L’agrandissement énorme d’un objet lui confère une personnalité qu’il n’a jamais eue auparavant et il devient ainsi le véhicule d’une puissance lyrique entièrement nouvelle. » Face aux images tant photographiques que vidéographiques d’Yves Trémorin, reviennent à l’esprit ces paroles de Fernand Léger à propos de son célèbre Ballet mécanique de 1924. La façon qu’a Trémorin de cadrer en plan serré son sujet pour mieux l’isoler et le livrer brut de toute référence au regard se conjugue chez lui à un travail sur la couleur et l’intensité de la lumière qui « excède » l’image. De telles procédures résultent une tension qui fait basculer des sujets d’une trivialité sans pareille – natures mortes aux œufs ou aux poireaux, portrait d’homme mâchant un capuchon plastique – à l’ordre d’un extraordinaire surprenant, voire dérangeant. La série We others, trois vidéos de 25 mn chacune, présentée à Caen appartient à cette famille d’images sans concession qui opèrent sur le mode d’un trop plein et placent le spectateur en situation de voyeur. La démarche d’Yves Trémorin témoigne d’une vision singulière qui nous invite à porter sur le réel un regard pointé, comme on le dit d’un doigt désignant le lieu même « où ça se passe. »
CAEN, FRAC Basse-Normandie, jusqu’au 14 mai.
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Yves Trémorin en gros plan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°515 du 1 avril 2000, avec le titre suivant : Yves Trémorin en gros plan