Mission impossible que d’ordonner l’œuvre de Wolf Vostell (1932-1998). Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait ce à quoi se risque le Carré d’art à Nîmes. L’exposition en forme de salutaire piqûre de rappel devrait suivre une prudente ligne chronologique et (re)donner à voir une œuvre historique peu ou mal diffusée en France. Forte d’une cinquantaine d’œuvres, elle revient sur quarante années de création de l’une des figures majeures de Fluxus en Allemagne. De combinaisons d’objets en happenings ou en peintures, ce proche de Mucianas et de Stockhausen, reconnaissable à sa silhouette ronde, ses lunettes et son couvre-chef, fut surtout l’un des premiers à déconstruire médium et média télévisuels, parallèlement à Nam June Paik.
Chez Wolf Vostell, le poste de télévision devient « sculpture électronique » dès 1958. Le téléviseur est en général installé allumé, diffusant des images associées à un environnement agressif et complexe : objets, photographies, matériaux ou même animal vivant. C’est ce que Vostell appellera le processus de « dé-coll/age » ou action iconoclaste critique qui pouvait notamment passer par une violence faite à l’alignement de l’image, au son et à la qualité même de la diffusion. Wolf Vostell en vient même à enterrer les moniteurs, à les chromer, les couler dans du béton ou les ficeler dans des barbelés. Ou comment « juxtaposer vie et nature morte ». Une violence faite à l’objet qui dans le même temps part évidemment à l’assaut du flux médiatique.
Volontiers pessimiste et secoué par l’histoire de son temps, Vostell multiplie les actions jusque dans les années 1990. Il va ainsi bétonner des voitures devant le mur de Berlin, utiliser des animaux en putréfaction, imaginer de faire voyager de la salade pendant un an, organiser des visites à thèmes dans la ville, donner un concert dans un train ou mesurer l’opéra de Cologne avec du pain.
Revues, films, concerts, recherches acoustiques, peintures et dessins – auxquels le Carré d’art accorde une large place dans l’exposition – monuments, happenings et même création d’un Musée Fluxus à Cáceres en Espagne, à Paris, à Cologne ou à Berlin, Vostell touche à tout et partout, provoquant l’espace social par ses processus-actions. Et en irréductible et vigilant artiste Fluxus, il formule quarante ans durant un même et complexe principe d’analogie entre l’art et la vie.
« Wolf Vostell », Carré d'art, musée d'Art contemporain de Nîmes, www.carredart.org, jusqu’au 12 mai 2008.
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Wolf Vostell « Extension du domaine de la vie »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°600 du 1 mars 2008, avec le titre suivant : Wolf Vostell « Extension du domaine de la vie »